En Corée, la population va rajeunir d'un an (voire de deux)
Les sud-Coréens s'offrent une petite cure de jouvence : ils vont tous rajeunir d'un an ou deux, en tout cas sur leurs papiers d'identité. La loi va harmoniser la façon de compter l'âge de la population.
Aujourd'hui les Sud-Coréens ne comptent pas du tout l'âge de la même manière que nous. Un exemple : si je suis née le 15 décembre 1974, pour trois jours encore j'ai 47 ans. Mais si j'étais sud-coréenne, et pas française, j'aurais dans certains cas déjà 48 voire... 49 ans. La Corée du sud est le seul pays au monde qui applique plusieurs systèmes de calcul.
C'est ce qui va changer : à partir de juin 2023, tous les Coréens devront adopter le système international, le même que le nôtre. Mathématiquement donc, tout le monde va rajeunir d'un, voire de deux ans. En tout cas pour les registres et documents officiels. Dans la vie courante, les Sud-Coréens continueront à compter comme ils le veulent.
"L'âge coréen", pratique ancestrale
Dans certains cas, à la naissance, on a d'emblée 1 an. Ensuite on rajoute une année non pas à la date de son anniversaire mais à chaque 1er janvier. Un enfant qui naîtrait aujourd'hui, quand il ouvre les yeux, il a déjà un an... et dans trois semaines quand on passera en 2023 il aura 2 ans. C'est "l'âge coréen" hérité du confucianisme, le mode de calcul le plus courant.
En Corée du Sud, le temps passé par le bébé dans le ventre de sa mère fait partie de son âge.
— badciss ™ (@Badciss) March 15, 2021
Selon le « hanguk-nai » ou « âge coréen », central dans les relations sociales, un bébé a déjà un an à sa naissance, les traditions prenant en compte les neuf mois de grossesse . pic.twitter.com/fR727lZHa8
Mais pour fixer l'âge légal, on calcule différemment. Là on considère que l'enfant qui est né ce matin, vit la toute première journée de son existence mais lui aussi prendra un an de plus au premier janvier. On compte comme ça pour l'âge d'entrée à l'école, pour le départ au service militaire obligatoire ou pour l'âge auquel les jeunes ont le droit de consommer de l'alcool ou de fumer. Et puis dans, d'autres cas encore, on compte comme nous, premier jour à la naissance et un an de plus à chaque date anniversaire.
Mettre fin à la "confusion sociale"
Se caler sur le mode de calcul international va permettre d'harmoniser les choses. Parce qu'avec toutes ces méthodes il y a parfois de quoi y perdre son sud-coréen. Il existe d'ailleurs des calculatrices en ligne pour être bien sûr de son âge en fonction de chaque système. Les députés parlent de "confusion sociale".
1. Âge international : âge qui augmente tous le 365 jours
— Bienvenue en Corée du Sud (@encoreedusud) December 8, 2022
2. Âge coréen : 1 an à la naissance et on prend 1 an au 1er janvier de chaque année (la plus utilisée en Corée)
3. Âge du nouvel an : on prend 1 an dès le 1er janvier pic.twitter.com/4t6PJ4i4fF
Ensuite, il y a l'argument du coût : dépenses administratives, dépenses sociales. Il y a trois ans un député avait déjà essayé de faire passer cette réforme sans y parvenir. Cette fois le président lui-même a mis son poids dans la balance. Il sait aussi que l'opinion publique est largement favorable, sept personnes sur dix selon une enquête publiée en janvier. Cela n'empêchera pas une grande campagne pédagogique parce la société sud-coréenne est extrêmement hiérarchisée, l'âge n'est pas qu'un chiffre, c'est aussi un marqueur social.
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