Guerre au Proche-Orient : le président turc qualifie Israël "d'État terroriste" et peaufine son image en interne
C'était mercredi 15 novembre, devant les membres de son parti réunis au Parlement turc, que le président Erdogan a prononcé des paroles qui montrent l'escalade de sa position vis-à-vis du Hamas et d'Israël. "Depuis 40 jours, dit le dirigeant turc, le gouvernement israélien commet des crimes de guerre. Depuis 40 jours, il bombarde des hôpitaux, des rues et des mosquées", sa "stratégie" est celle de la "destruction totale d'une ville et de sa population". " Je le dis clairement, ajoute Recep Tayyip Erdogan, Israël est un État terroriste".
Très applaudi, il ajoute que l'État hébreu "reçoit le soutien total des États-Unis et de l'Occident", qui font "tout leur possible pour légitimer" les massacres.
Les ponts sont rompus entre Israël et la Turquie
Cette nouvelle diatribe n'est pas surprenante, mais elle marque l'apogée d'une série d'interventions qui, depuis le 7 octobre, sont toutes plus anti-israéliennes les unes que les autres. Recep Tayyip Erdogan a endossé son costume favori, celui du champion de la cause palestinienne. Vendredi 10 novembre, il avait par exemple dénoncé le " fascisme" d'Israël.
Cette fois-ci, Benyamin Netanyahou lui a répondu mercredi 15 novembre, le soir même : "Erdogan, lui, soutient les terroristes du Hamas. Et ces dernières années il a bombardé des villages kurdes, sur son territoire. Nous n'avons pas de leçons à recevoir".
Des gages aux électeurs de la coalition islamo-nationaliste
L'attaque du 7 octobre en tout cas a définitivement balayé les efforts de rapprochement entrepris pourtant avec succès l'an dernier par les deux dirigeants, sur fond d’intérêts stratégiques et énergétiques. Les ponts sont désormais rompus, à mesure que le nombre de victimes augmente dans la bande de Gaza.
La Palestine fut autrefois membre à part entière de l'Empire ottoman, que le président turc rêve de ressusciter. Il prend depuis fait et cause pour le Hamas, dont il a régulièrement rencontré les dirigeants. L'organisation a son rond de serviette à Ankara, où elle dispose même d'une représentation politique.
C'est aussi un signal en interne : Recep Tayyip Erdogan a été réélu de justesse en mai, avec 52%, pour un troisième mandat. Il veut donner des gages à la coalition islamo-nationaliste, dont il a besoin pour se maintenir au pouvoir. Ses partisans réclament des prises de position radicales... tout comme son opinion publique, chauffée à blanc contre Israël. C'est aussi une façon pour lui de rester dans le jeu diplomatique, à l'image du Qatar.
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