Guerre en Ukraine : la Suède se prépare à une extension du conflit sur son territoire
C'est un signe qui ne trompe pas, dans les grandes surfaces de bricolage, les ventes de réchauds à gaz, de jerrycans et de radio d'urgence explosent. Les médias multiplient les conseils de survie et le numéro d'urgence pour les enfants n'a jamais reçu autant d'appels de jeunes anxieux à l'idée d'une attaque contre leur pays.
La Suède est dans le rouge, au point que l'ancienne Première ministre, Magdalena Andersson, cheffe de file des sociaux-démocrates, a jugé urgent de le rappeler : "certes, la situation est grave mais la guerre n'est pas encore à nos portes".
"Qui serez-vous si la guerre éclate ?"
Ce qui a provoqué cette montée de tension, ce sont plusieurs déclarations officielles, le 7 janvier, de responsables du gouvernement et de l'armée, rassemblés à Sälen lors d'une conférence nationale sur la défense. "Oui, il pourrait y avoir une guerre en Suède", résume le ministre de la Défense civile. Et "qui serez-vous si la guerre éclate ?", demande-t-il à ses concitoyens. Le commandant en chef des forces armées en a rajouté une couche, "la guerre de la Russie contre l'Ukraine n'est qu'une étape. Nous devons nous préparer mentalement à un conflit. Plus nous serons nombreux à y avoir réfléchi et à nous être préparés, plus notre société sera forte", a-t-il déclaré.
Dans un pays qui n'a pas connu de conflit depuis les guerres napoléoniennes, il y a 210 ans (la plus longue période que dans n'importe quel autre pays au monde), les autorités cherchent à créer un électrochoc.
Des propos alarmistes ?
Mais la méthode est contestée, l'opposition accuse le gouvernement de "propager la peur", alors que le niveau de la menace n'a fondamentalement pas changé depuis février 2022. Elle dénonce des propos alarmistes destinés, soit à obtenir des rallonges budgétaires, soit à détourner l'attention des vrais problèmes, comme le réseau ferroviaire ou le système de santé. Ces deux secteurs en crise auraient du mal à être opérationnels en cas de conflit. Elle rappelle aussi que la perspective d'une attaque russe en Suède, alors que les deux pays ne partagent aucune frontière terrestre, est peu probable.
Dans les faits, pourtant, la Suède se prépare à cette guerre. C'est un pays qui revendiquait son non-alignement militaire et qui, depuis deux ans a brisé tous ses tabous. La Suède a envoyé des armes à l'Ukraine, a augmenté de manière spectaculaire son budget de la défense, a signé avec Washington un accord autorisant les États-Unis à avoir accès à 17 bases militaires sur son sol et, bien sûr, demandé à adhérer à l'OTAN. La demande a été déposée en mai 2022, la Turquie et la Hongrie n'ont toujours pas donné leur feu vert. Malgré les obstacles, la Suède poursuit son objectif : élever son seuil de dissuasion et créer de la résilience dans la population.
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