"Invraisemblable !" : la controversée présidence de l'Iran d'un forum social du Conseil des droits de l'Homme de l'ONU
Ce n'est pas une plaisanterie, ni un titre du site parodique Le Gorafi. Ce forum social du Conseil des droits de l'Homme se tient bien les 2 et 3 novembre à Genève, sous présidence iranienne. L'information a suscité de nombreuses réactions en France. "Parfois, la réalité dépasse la fiction", s'indigne, par exemple, la Licra, la Ligue contre le racisme et l'antisémitisme.
La peine de mort est toujours appliquée en Iran - plus de 500 exécutions l'an dernier, selon l’ONG Amnesty International, sans oublier la répression du mouvement féministe Femme, vie, liberté et l’emprisonnement de la militante des droits humains Narges Mohammadi, prix Nobel de la Paix 2023. "L'ONU ne doit pas servir à légitimer des régimes liberticides", fustige l'eurodéputée macroniste Irène Tolleret. "C'est totalement invraisemblable !"
Voici donc un forum social qui fait beaucoup de bruit, avant même d'avoir commencé. Mais de quoi s'agit-il exactement ? C'est la bonne question, qui permet de replacer cette affaire à sa juste proportion.
Un forum sans pouvoir décisionnaire
Il ne s'agit pas du Conseil des droits de l'homme lui-même, organe de l'ONU qui est présidé par la République Tchèque. Le forum social, c'est une réunion annuelle de deux jours, sans aucun pouvoir de décision. Un espace de discussion qui rassemble des États, des ONG, des entreprises sur un thème. Cette année, c'est la gestion de l'eau pour les droits de l’Homme et le développement durable. Ajoutons qu'il existe une trentaine de forums, de groupes de travail ou de comités au sein du Conseil des droits de l'Homme. Un conseil dont ne s'est pas emparé l'Iran contrairement à ce qu'on peut lire sur les réseaux sociaux.
Il n'empêche, le symbole est fâcheux. Tout comme en 2017, lorsque l’Arabie saoudite avait intégré le Conseil du droit des femmes des Nations Unies, sous les vives protestations des ONG. Alors comment est-ce possible ? Chaque organe de l'ONU "doit rassembler des pays issus de tous les continents", explique Guillaume Devin, spécialiste des institutions internationales à Sciences Po. Or, "ce sont ces groupes régionaux qui choisissent leur candidat de manière tournante". Une forme de rotation négociée. Ainsi, au fil des années, tous les États finissent par être représentés. Il y a vingt ans, un autre pays peu regardant sur les droits de l’Homme avait présidé la commission de l’ONU : la Libye de Mouammar Kadhafi.
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