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Israël : le "Musée de la Tolérance" de Jérusalem ne tolère pas certaines photos

Avant même son ouverture lundi 15 mai, ce musée flambant neuf a suscité la polémique en retirant une photo faisant partie de la toute première exposition. Un cliché de soldat israélien nu qui n'aurait pas été du goût des Juifs ultra-orthodoxes.
Article rédigé par Frédéric Métézeau
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Des juifs orthodoxes au Mur des Lamentations, à Jérusalem (Israël). Photo d'illustration (RAFAEL BEN ARI/WOSTOK PRESS / MAXPPP)

L'ouverture totale du Museum of Tolerance de Jérusalem est prévue pour septembre 2024 mais une partie sera accessible au public à partir de lundi 15 mai avec l'exposition photo intitulée Illustrations d'Israël, 75 ans de prises de vues. Elle a été dévoilée en avant-première il y a deux semaines lors d'une soirée de prestige avec le président d'Israël. Et à cette occasion, la famille d'un photographe exposé a découvert qu'une photo avait été retirée.

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Il s'agit d'une image très connue en Israël, sur laquelle on voit un soldat israélien pendant la guerre du Kippour en 1973. Près d'une Jeep, il se lave avec de l'eau qui coule d'un bidon militaire. Il est donc entièrement nu, de face, le sexe bien visible. L'auteur du cliché est Micha Bar Am, une véritable légende du photojournalisme en Israël, âgé de 92 ans.

Protéger "les sentiments de certains visiteurs"

La direction du musée a justifié ainsi le retrait du cliché : " Le musée de la Tolérance souhaite respecter les sentiments de tous les publics et de toutes les communautés. La photo en question pourrait blesser les sentiments de certains visiteurs". Sous-entendu : les visiteurs très religieux, notamment les Juifs ultra-orthodoxes. Le fils du photographe a répliqué : "Et les sentiments des laïcs, alors ?"

Avant même son ouverture, le musée a enchaîné les critiques : explosion de la facture d'un chantier qui a duré 18 ans, construction sur un ancien cimetière musulman, recours juridiques, démission du premier architecte Frank Ghery... La partie muséale sera marginale dans l'immense bâtiment, réservé plutôt à des restaurants ou des salles de conférence. Et, alors qu'il est censé être le frère jumeau du musée de la Tolérance Simon Wiesenthal de Los Angeles, celui de Jérusalem n'aura pas d'espace consacré à la Mémoire de la Shoah.

Ceux qui l'ont visité en avant-première parlent toutefois d'un bâtiment fabuleux, magnifique, inventif. 

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