ENTRETIEN. Israël : l'ancien Premier ministre Ehud Barak dénonce les "actions illégitimes" de Benyamin Nétanyahou
L'État d'Israël a 75 ans, dimanche 14 mai. Un anniversaire en période de grandes tensions. Le pays fait face au Djihad islamique à Gaza avec bombardements israéliens et tirs de roquettes palestiniens. Dans le même temps des dizaines de milliers d'Israéliens se mobilisent depuis début janvier contre le projet de réforme du système judiciaire porté par le gouvernement de droite et d'extrême-droite de Benyamin Nétanyahou. La coalition au pouvoir souhaite notamment affaiblir les pouvoirs de la cour suprême au profit du Parlement et changer le mode de nomination des magistrats.
Parmi les critiques les plus dures contre "Bibi" on trouve son vieux rival de gauche Ehud Barak, ancien Premier ministre (1999-2001) et ministre de la Défense (2007-20013), issu du parti travailliste. En pleine forme à 81 ans, Ehud Barak reçoit dans son bureau blanc au style contemporain, au 11e étage d'un immeuble de Tel Aviv. Derrière lui, son piano noir laqué. Sur le côté, sa dague de soldat commando d'élite. Il dénonce l'alliance entre Benyamin Nétanyahou et les deux chefs de file de l'extrême droite sioniste religieuse, raciste et homophobe.
"Le fait que Bibi se soit rendu otage de ces gens-là au sein du gouvernement, c’est dangereux. Smotrich et Ben Gvir portent peut-être la kippa, ils prient à la synagogue et veulent monter sur le Mont du Temple mais ils déforment le judaïsme, ils déforment le sionisme, l’humanité."
Ehud Barak, ancien Premier ministre israélienà franceinfo
Pour l'ancien Premier ministre, le projet de réforme judiciaire du gouvernement actuel met Israël en grand danger : "Bibi décrit cela comme des corrections mineures ... Mais s’il s’agit uniquement de changements mineurs, pourquoi cela se passe comme ça ?" Et s'adressant à Benyamin Nétanyahou : Tu es prêt à pousser l’économie d'Israël en plein essor au bord du gouffre ? Tu es prêt à déstabiliser la sécurité d’Israël ? Tu es prêt à détricoter la solidarité et la cohésion chez les pilotes, chez les combattants des commandos, chez les combattants des unités cyber ?"
Une dérive monarchique
Ehud Barak connaît très bien Benyamin Nétanyahou. Il a été son chef de section à l'armée, il l'a battu aux élections de 1999 puis il a été son ministre de la Défense dans un gouvernement d'union. Aujourd'hui il dénonce une dérive monarchique. "Ses actions sont illégitimes, affirme-t-il. Charles 1er, roi d’Angleterre qui n’a pas compris les limites du pouvoir, a fini décapité. En France aussi, il y avait un roi par la grâce de Dieu et sa femme pensait que si les gens n'avaient pas de pain ils n'avaient qu'à manger de la brioche. Chez nous, on ne doit pas arriver au même résultat."
Comme un contre-exemple à Netanyahou, Ehud Barak a posé sur des étagères en verre les bustes de deux autres Premiers ministres israéliens de gauche comme lui : David Ben Gourion le fondateur de l'Etat d'Israël et Yitzhak Rabin, assassiné pour avoir tenté de faire la paix avec les Palestiniens.
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