Israël : les milieux d'affaires s'inquiètent des projets de réforme judiciaire du gouvernement Netanyahou
On a beaucoup parlé de la situation sécuritaire au Proche-Orient, avec un nouveau cycle de violences mortelles opposant Israéliens et Palestiniens : plus de 75 morts depuis le début de l'année. On a aussi évoqué la réforme très contestée de la justice, portée par le gouvernement de Benjamin Netanyahou alliant la droite et l'extrême droite. Mais l'économie israélienne est, elle aussi, en pleines turbulences.
Qu'est-ce qui est monté ces dernières années avant de redescendre ces derniers mois et de jouer au yo-yo ces dernières semaines ? C'est le shekel, la monnaie israélienne. Il y a cinq ans, il fallait 4,33 shekels pour avoir un euro. À la fin de l'été dernier, il n'en fallait plus que 3,26. Le shekel est devenu une monnaie forte grâce à la croissance économique très soutenue en Israël et des investissements massifs en dollars dans l'économie locale : 21 milliards l'année dernière. La high-tech représente 10 à 15% de la richesse nationale et plus de la moitié des exportations israéliennes mais aujourd'hui, l'économie israélienne est en plein doutes. Le shekel a baissé de 6% le mois dernier, à son plus bas niveau depuis trois ans : aujourd'hui un euro vaut environ 3,80 shekels, car les projets du nouveau gouvernement Netanyahou inquiètent beaucoup les milieux économiques.
La bourse de Tel Aviv chute de 4%
Pourtant, les projets de réforme de la justice ne concernent pas l'économie israélienne. Mais ce qu'on appelle la "start-up nation", ce ne sont pas seulement des entreprises ultra-innovantes, c'est aussi un esprit d'inventivité, non-conformiste, libéral et un peu libertaire qui s'accommode mal du nouveau gouvernement ultra-conservateur. Le chef de file d'un parti ultra-religieux allié de Netanyahou a déclaré qu'il était plus important d'étudier la Torah que l'anglais et les mathématiques. Imaginez la high-tech sans anglais et sans maths !
Fin janvier, des salariés de la high-tech ont organisé une manifestation inédite à Tel Aviv. La société israélienne Papaya Global, qui propose aux entreprises une plateforme de paiement des salaires, a annoncé qu'elle retirait ses fonds d'Israël. Elle est valorisée en bourse à plus de 3,5 milliards d'euros et compte Microsoft ou Toyota parmi ses clients : sa PDG dénonce un projet de réformes "antidémocratiques". Les investisseurs ont des doutes : la semaine dernière, la bourse de Tel Aviv a perdu 4%.
Fitch, JP Morgan Chase, ou Goldman Sachs ont publié des notes d'alerte au point que le Premier ministre Netanyahou - plus de 15 ans au pouvoir et qui s'autoproclame "monsieur Économie" - a missionné son ministre des Affaires stratégiques pour rassurer les agences de notation. Dans une semaine, son collègue des Finances est attendu aux États-Unis pour y rassurer les milieux d'affaires.
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