"La France n’a pas de troupes en Ukraine" : Paris dénonce une nouvelle campagne de désinformation
Il suffit qu'Emmanuel Macron dise et répète qu'un jour peut-être il ne faudra pas exclure d'envoyer des troupes occidentales en Ukraine" pour que la fabrique à rumeurs se mette en marche. Vendredi 4 mai, Asia Times, un site d'information anglophone pourtant réputé fiable, un expert reconnu en matière de sécurité nationale et de défense (et ancien fonctionnaire du gouvernement américain) écrit que la France a officiellement envoyé ses premières troupes en Ukraine. "Des soldats du 3e régiment d'infanterie", l'un des principaux éléments de la Légion étrangère. Des hommes "déployés à Slovyansk, en soutien de la 54e brigade mécanisée", pour contrer l'avancée des Russes dans le Donbass. Ils sont déjà "une centaine, spécialistes de l'artillerie et de la surveillance".
L'article explique ensuite pourquoi l'envoi d'un petit nombre de légionnaires qui ne sont pas citoyens français est considéré comme un compromis acceptable à l'Élysée. La formule permet au président français de "jouer les durs" sans susciter de levée de boucliers.
Lu par plusieurs millions de personnes dans le monde
Tout cela est très crédible... sauf que la France assure que c'est complètement faux. Les sources d'Asia Time sont d'ailleurs sujettes à caution. Il s'est en effet appuyé sur un rapport de Sputnik, média pro-Kremlin, qui citait lui-même une chaîne telegram spécialisée dans la chose militaire. Le lien vers le rapport a depuis disparu. Trop tard. L'article a déjà été repris et diffusé dans toutes les langues possibles sur X, Facebook, Telegram... Relayé par des médias établis comme l'Hindustan Times qui compte près de huit millions de lecteurs en Inde.
Lundi 6 mai, le Quai d'Orsay riposte sur X en affichant deux de ces articles barrés d'une grande croix rouge. "Les campagnes de désinformation sur le soutien de la France à l'Ukraine ne faiblissent pas, la preuve".
Quand Moscou dénonce "les mercenaires français"
Ce n'est pas la première fois que ça se produit. En février, le ministre russe de la Défense annonçait avoir détruit dans une "frappe de précision" un bâtiment de Kharkiv servant de "zone de déploiement temporaire de mercenaires, dont la plupart étaient des citoyens français". Là encore Paris avait démenti. "La France n’a pas de mercenaires, ni en Ukraine, ni ailleurs, contrairement à d’autres" avait réagit le ministère des Affaires étrangères en dénonçant "une nouvelle manipulation grossière russe".
Vous vous souvenez peut-être que début février, Viginum, l'organisme français de lutte contre les ingérences numériques étrangères, a mis au jour un réseau coordonné de 193 sites, "Portal Kombat", chargés de diffuser la propagande russe en Europe et aux États-Unis. En mars 2024, c'est le ministère français des Armées qui avait dénoncé un faux site reprenant son logo officiel qui invitait 200 000 Français à "s'engager en Ukraine", opération attribuée là encore à des intérêts russes ou pro-russes.
De plus en plus "d'attaques informationnelles"
Lundi 6 mai, c'est Berlin qui a rappelé son ambassadeur à Moscou après une cyberattaque la semaine dernière contre des adresses email de responsables du SDP (le parti social-démocrate du chancelier Olaf Scholz), des services gouvernementaux, des entreprises du secteur de la logistique, de l'armement, de l'aérospatiale et plusieurs fondations et associations.
Ces offensives informationnelles se multiplient à l'approche des élections européennes. Elles sont désormais quasi quotidiennes. Les experts préviennent : il y en aura d'autres, beaucoup d'autres dans les mois qui viennent.
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