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Les États-Unis allègent leurs sanctions sur le pétrole du Venezuela

Alors que le pays est, depuis plusieurs années, plongé dans une profonde crise économique et politique, tout est en train de changer. Et les relations avec les États-Unis se réchauffent.
Article rédigé par franceinfo, Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des installations pétrolières au Venezuela, le 24 mai 2018. (CHRIS HUBY / LE PICTORIUM / MAXPPP)

Le 17 octobre, sur l'île de la Barbade, le pouvoir et l'opposition se sont mis d'accord : au second semestre l'an prochain, il y aura bien une élection présidentielle, comme le prévoit le calendrier constitutionnel. Le gouvernement s'engage à ne pas perturber la primaire de l'opposition et le jour J les missions d'observateurs étrangers sont les bienvenues.

Vu d'une démocratie européenne tout ça paraît tout à fait normal... mais ça faisait cinq ans que le Venezuela s'épuisait à trouver un compromis. Cinq ans que Nicolas Maduro a été réélu de manière frauduleuse, cinq ans que le pays croule sous les sanctions internationales et coule droit vers le fond.

Allègement des sanctions sur le pétrole

Par ricochet, cet accord déclenche toute une série de bonnes nouvelles. La plus spectaculaire, c'est qu'il n'y a désormais plus d'embargo américain sur le pétrole vénézuélien. les États-Unis allègent leurs sanctions.

Pendant six mois, voire plus si la situation politique est jugée satisfaisante, Caracas va de nouveau pouvoir exporter sans passer par le marché noir. Et même si le pays n'a pas les capacités techniques pour augmenter sa production, les pétrodollars vont de nouveau rentrer dans les caisses.

De leur côté, les Nations unies ont annoncé le déblocage d'un fonds de trois milliards de dollars, alimenté par des comptes vénézuéliens bloqués à l'étranger, argent qui devra être consacré à des dépenses sociales. Ce fonds était jusqu'ici gelé, le gouvernement et l'opposition n'arrivaient pas à se mettre d'accord sur la façon dont il devait être géré. C'est désormais tranché.

Libération de prisonniers politiques

On est loin du temps où Nicolas Maduro, que Donald Trump qualifiait de "dictateur", s'emportait contre "l'impérialisme américain". Depuis plusieurs mois le président vénézuélien, toujours pas reconnu par Washington, multiplie les gages de bonne volonté.

Comme cette libération de cinq prisonniers politiques quelques heures seulement après l'annonce de l'allègement des sanctions américaines.

"Tournons la page" disait-il le 18 octobre, "reconstruisons une relation de respect et de coopération". En janvier il s'était même dit "totalement prêt à un processus de normalisation". Réponse lapidaire cette semaine du chef de la diplomatie américaine pour l'Amérique latine : "nous ne sommes pas prêts à un changement des relations diplomatiques". Pas tant qu'il n'y aura pas eu de véritable transition démocratique.

Le geste des États-Unis aujourd'hui est d'abord économique, motivé par la crise pétrolière qu'a provoquée la guerre en Ukraine: il faut trouver de nouveaux fournisseurs pour remplacer une partie du pétrole russe. Depuis l'an dernier d'ailleurs des accords permettent déjà au Venezuela d'exporter une petite partie de sa production aux États-Unis. La normalisation politique attendra et Washginton prévient que tous ces assouplissements peuvent être modifiés ou révoqués au moindre faux pas du Vénézuéla.

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