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Les richesses enfouies au fond des océans suscitent la convoitise des industriels

Les fonds marins recèlent des métaux tels que le lithium, le cuivre, le nickel ou le cobalt. Autant de matériaux indispensables pour fabriquer des batteries électriques.
Article rédigé par franceinfo, Frédéric Says
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Des nodules contenant du nickel, du cobalt et du manganèse prélevées au fond de des océans. (CAROLYN COLE / LOS ANGELES TIMES)

L'enjeu est capital : avec la transition énergétique, avec la fin progressive des voitures à essence, la production des batteries électriques va grimper. L'agence internationale de l'Energie estime par exemple que d'ici vingt ans, l'économie aura besoin de 19 fois plus de nickel qu'aujourd'hui. C'est un enjeu financier, mais aussi un enjeu de souveraineté, pour ne pas dépendre d'autres pays. D'ailleurs, ces temps-ci, toutes les grandes économies subventionnent à coup de millions les entreprises spécialisées, pour créer des champions de la batterie. Dans l'idée de contrer la Chine, qui a déjà pris de l'avance sur ce marché.

Aspirer le fond des océans, ce n'est pas très écolo

D'où la demande en forte augmentation pour les matériaux critiques. C'est justement là où les industriels entrent en jeu, comme, en quelque sorte, des grossistes, qui se chargent de prélever et de vendre ces matériaux aux fabricants de batterie. Le problème, c'est que ce n'est évidemement pas très écolo d'aller racler et aspirer les fonds des océans. D'ailleurs, pour l'instant, nombre de pays sont très réticents. La France veut même interdire cette pratique en eaux profondes, on parle ici de moins 3 000 mètres à moins 6 000 mètres. Sauf que certaines entreprises tentent de forcer la main aux États.

Le journal Le Monde relève ainsi qu'une société canadienne, TMC, a annoncé la semaine dernière vouloir déposer une demande de licence pour l'exploitation sous-marine des métaux rares, moins polluante, selon le patron de TMC, que les mines terrestres. La demande de licence ne sera officiellement déposée que dans un an. Mais d'ici là l'entreprise se prépare. Elle met au point des machines de collecte sous-marine et veut profiter des vides juridiques, pendant que la communauté internationale hésite sur les règles. Un sommet a lieu le mois dernier en Jamaïque, sans résultats.

L'idée de ces entreprises est de faire partie des pionniers, des premiers arrivés sur les trésors des fonds marins. Un petit côté Far West et ruée vers l'or, comme le dénoncent les ONG. Et les scientifiques, qui alertent sur la fragilité des éco-systèmes marins. On le voit : la transition énergétique peut générer, en bout de chaîne, des pratiques pas vraiment favorables à la biodiversité et à l'environnement. Avec le risque de toucher le fond, dans les deux sens du terme.

 

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