Lutte contre le terrorisme : le Burkina Faso, enjeu stratégique
L'attaque terrible, mardi dans le nord du Burkina Faso, qui a fait 80 victimes jihadistes et 42 victimes civiles et militaires montre que le pays est au cœur d'une nouvelle bataille.
Il faut arrêter de parler d'évènements, de tensions, de déstabilisations du Burkina. Quand vous avez 80 morts parmi les terroristes, cela veut dire qu'ils étaient beaucoup plus nombreux dans l'attaque de cette petite ville du nord du pays, cela veut dire aussi que c'est un acte de guerre qui n'a plus rien à voir avec de la guérilla. Le Burkina Faso est pauvre, c'est un bout de terre coupé d'accès à l'océan mais il se trouve à un carrefour. C'est la clef d'entrée vers le sud : Côte d'Ivoire, Bénin, Togo, Ghana. Si le Burkina tombe cela veut dire que la suite va être terrible. Les terroristes vont poursuivre leur descente et contaminer toute l’Afrique de l'Ouest.
Or pour stopper cette descente, nous avons un problème. C'est un problème d'effectifs. Si on fait l'état des lieux, on peut compter sur les armées locales, du Burkina, du Mali, du Niger, qui sont souvent mal équipées. nous pouvons compter sur la force Barkhane, 4 500 français principalement basés au Mali. Nous pouvons compter sur les 15 000 hommes de l'ONU eux aussi basés au Mali et enfin sur des Américains qui ne vont pas rester forcément longtemps car le président Trump veut qu'ils rentrent au pays, ce qui serait une catastrophe. En résumé, il n'y a pas assez de monde car le Burkina Faso fait partie du Sahel et que le Sahel c'est 5 à 6 fois la taille de la France.
Il manque un réel élan politique
Imaginez un cargo qui prend l'eau et juste les hommes d'équipages pour écoper. Autant dire que le bateau n'ira pas bien loin. C'est la raison pour laquelle un sommet doit se tenir, à l'invitation d'Emmanuel Macron, début janvier à Pau avec les pays concernés. Il s'agira de donner un élan pour qu'enfin tout le monde travaille dans le même sens. Il faut savoir que la France ne pourra pas porter seule le fardeau et que les Européens devraient bien se mobiliser un peu car ils sont directement concernés par ce qui se passe à l'ouest de l’Afrique. Imaginez le nombre de réfugiés qui seront susceptibles de vouloir émigrer en cas de dégradation de la situation.
Un sentiment anti-Français qui grandit dans toute la région
Ce sentiment se développe en effet et à la vitesse grand V avec des raisonnements du genre : si les Français n'étaient pas là, on n'aurait pas tous ces problèmes. Autant dire que la marge de manœuvre est très étroite. Ce n'est pas une question de jours mais presque.
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