Migrants : la tension monte entre la France et le Royaume-Uni alors que les traversées de la Manche se multiplient
Les migrants n'ont jamais été aussi nombreux à traverser la Manche, entrainant une dégradation des relations entre Londres et Paris.
Plus le tunnel sous la Manche se barricade, plus les candidats à l'exil tentent de passer par la mer, plus la tension monte des deux côtés du Channel. Lundi 6 septembre, sur une seule journée, 785 hommes, femmes et enfants ont débarqué sur les plages de galets du sud de l'Angleterre. Le 21 août, 800 personnes sont arrivées en moins de 24 heures, dans des dizaines et des dizaines de canots pneumatiques de barques et d'embarcations de fortune.
Au total, plus de 12 000 personnes ont effectué depuis le début de l’année la traversée du détroit, bien plus que sur toute l'année 2020 (plus de 8 000). Des chiffres "inacceptables" disent les autorités britanniques, alors que le Brexit devait au contraire aider le pays à mettre un coup de frein à l'immigration illégale. C'était l'un des engagements du gouvernement.
Discussions "constructives", vraiment ?
"Les traversées doivent à tout prix s'arrêter", martèle donc depuis un an Boris Johnson qui d'un doigt rageur désigne les côtes françaises. Mais pour cela, il faudrait qu'on nous aide. Une rencontre a pourtant eu lieu mercredi 8 septembre entre les ministres de l'Intéreur français et britannique. Elle n'a pas arrangé le dialogue. Les discussions entre Gérald Darmanin et son intransigeante homologue Priti Patel ont été qualifiées de "constructives". En langage diplomatique, cela signifie surtout qu'elles étaient très tendues.
C'était la troisième réunion en moins d'un an. Un troisième coup de pression des Britanniques qui réclament sans succès "des résultats". Selon les médias outre-Manche, Priti Patel a même menacé devant la chambre des communes de ne plus sortir d'argent si les arrivées continuaient.
Très franchement, qu'est-ce qui vous empêche, @GDarmanin de dire à Mme Patel : "Gardez vos £54 millions, c'est loin de suffire - et "reprenez enfin le contrôle de vos propres frontières" puisque vous y tenez tant ?"https://t.co/LN48vBte8L
— Alex Taylor (@AlexTaylorNews) September 9, 2021
Or en juillet, Londres s'était engagée à verser 62,7 millions d'euros sur un an pour sécuriser sa frontière en finançant les forces de l'ordre sur les côtes françaises pour qu'elles fassent plus de patrouilles, qu'elles soient mieux équipées en drones, en radars et en hélicoptères.
Visioconférence avec mon homologue britannique @pritipatel pour signer un accord historique ! Le Royaume-Uni s’engage à verser 62,7 millions d’euros pour lutter contre l’immigration clandestine trans-Manche.
— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) July 20, 2021
Un vrai travail en commun franco-britannique pic.twitter.com/CBT6noIYNu
La ministre de l'Intérieur britannique menace même jeudi 9 septembre de renvoyer certaines embarcations vers la France. Le ministère de l’Intérieur explique que des douaniers sont formés actuellement pour appliquer cette méthode très rapidement.
La ministère de l’intérieur britannique donne l’autorisation aux forces de l’ordre de renvoyer les bateaux de migrants clandestins en cours de traversée. Un ordre difficilement applicable en l’absence de l’accord de la France. https://t.co/roj1vwuV6s
— Eric Albert (@IciLondres) September 9, 2021
Le gouvernement français met en garde contre les risques d’une telle méthode pour les migrants. Il explique surtout qu'il s'agirait d'une infraction aux règles internationales et fait savoir que la France a quand même empêché "plus d'une traversée sur deux" depuis le début de l'année.
Réforme du système d'asile
Les Britanniques ont d'autres armes pour lutter contre l'immigration illégale. Avant l'été, le Parlement a commencé à examiner une réforme du système d’asile qui facilite les expulsions, qui prévoit de punir de quatre ans de prison l'entrée illégale sur le territoire (alors qu'aujourd'hui c'est six mois) et de porter à la prison à vie, contre 14 ans actuellement, la peine maximale encourue par les passeurs.
Son autre arme pour décourager les candidats à l'exil, c'est le ralentissement des procédures : moins de 30% des demandes d’asile sont désormais examinées dans les six mois par l'administration. Il y a cinq ans, en 2015, ce chiffre montait à plus de 70%.
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