On croyait le Brexit derrière nous, il ne fait que commencer
Les marins français ont obtenu mercredi un droit provisoire de pêcher dans les eaux de l'île britannique de Guernesey. Mais c’est un accord tout à fait temporaire. La bataille de la pêche ne fait que commencer.
Il y a peut-être pire que le Brexit, c’est l’après-Brexit. La pêche est une illustration du cauchemar politique, administratif, légal et douanier qui commence. Depuis vendredi dernier à minuit, les eaux territoriales britanniques ne sont plus accessibles aux pêcheurs européens, belges, espagnols, danois et français. Avant, c’était l’Europe. Aujourd’hui, c’est fini.
L’accord trouvé mercredi 5 février pour Guernesey règle provisoirement une petite partie du problème, car les zones de pêches britanniques sont nombreuses, en mer Celtique, en mer du Nord et en Manche, entre autres. Environ 30% du chiffre d'affaires des pêcheurs français venaient jusqu'à vendredi dernier des eaux britanniques. C'est simple, il y a cinq fois plus de bateaux européens dans les eaux britanniques que de bateaux britanniques dans les eaux européennes.
Les Européens premiers clients du poisson anglais
Mais les Britanniques ont quand même besoin de vendre leur poisson. C'est là que commence la négociation. Londres, malgré ses déclarations fracassantes, est totalement dépendant du marché européen. Les 440 millions de consommateurs du continent sont les premiers acheteurs de poisson britannique, dont 70% sont écoulés en Europe. Donc si les Européens ne peuvent pas pêcher, les Britanniques ne pourront plus vendre. Facile, peut-on se dire. Sauf que non, la négociation n'a pas commencé et elle est déjà très tendue.
C’est aussi et surtout une question politique : la Grande-Bretagne est une île et tout ce qui touche à la mer est épidermique. Boris Johnson doit désormais montrer qu'il est fort et qu’il a entendu ses pêcheurs, qui ont massivement voté pour le Brexit.
Il est prévu qu'un accord sur la pêche et les quotas de pêche soit trouvé le 1er juillet. Cela promet quelques nuits blanches : la pêche va être le test de la capacité de Londres et Bruxelles à trouver un nouveau terrain d’entente. Il est d'ores et déjà prévu que si un accord n'est pas trouvé, il ne faut pas que cela bloque le reste, c'est à dire les centaines, les milliers d'accords qu'il va falloir renégocier. Une manière de dire que l'on sait déjà qu'il y a de sérieuses épines dans le dossier poisson.
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