Otan : qui est Mark Rutte, le prochain patron de l'alliance atlantique ?

Sa nomination ne sera entérinée que la semaine prochaine, mais le futur patron de l'Otan s'appelle Mark Rutte. Depuis jeudi, le Premier ministre néerlandais est seul en lice pour diriger prochainement l'Alliance, dans une période particulièrement tendue.
Article rédigé par Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le Premier ministre néerlandais Mark Rutte, à Bruxelles le 17 juin 2024. (OLIVIER MATTHYS / EPA)

Après le retrait, jeudi 20 juin, de la candidature du président roumain Klaus Iohannis, le Premier ministre néerlandais Mark Rutte est désormais seul en lice pour devenir le prochain secrétaire général de l'Otan. Il devrait prendre ses fonctions au 1er octobre. Et il aura besoin de tous ses talents pour diriger l'Alliance dans une des périodes les plus difficiles de son histoire.

La première qualité du candidat néerlandais est sans doute celle qui lui vaut le surnom de "Premier ministre Teflon", parce que les scandales ou les imprévus glissent sur lui sans l'affecter. Le libéral Mark Rutte est le Premier ministre qui est resté le plus longtemps en poste dans son pays, avec quatre mandats d'affilée. Aux Pays Bas, au sein de la coalition avec l'extrême droite de Geert Wilders, cela fait presqu'un an déjà qu'il gère les affaires courantes dans l'attente d'un nouveau gouvernement. À côté, ce vétéran de la politique européenne n'a jamais caché son intention de prendre la suite du Norvégien Jens Stoltenberg à la tête de l'Otan.

Image d'un homme stoïque et accessible

Mark Rutte, qui n'est pas dénué d'humour, c'est aussi "Monsieur Normal" : il fait ses courses au supermarché, arrive à vélo quand il a une rencontre avec des dirigeants étrangers, et prend lui-même le volant de sa voiture pour aller voir le roi. Simple, franc, pragmatique et réaliste, c'est le style de diplomatie qu'il devrait imposer à la tête de l'OTAN.

Le principal défi qui l'attend est d'abord de gérer l'éventuel retour de Donald Trump à la Maison Blanche. Le milliardaire a déjà menacé plusieurs fois de faire sortir les États-Unis de l'Alliance, on se souvient de ses diatribes contre les Européens qu'il accuse d'être largement en deçà de ce qu'ils sont censés consacrer à leurs dépenses militaires. "Mais il avait absolument raison", a dit Mark Rutte en janvier. D'ailleurs aujourd'hui, neuf pays sur 32 n'arrivent toujours pas à consacrer 2% de leur produit intérieur brut à la défense. Il va tenter d'améliorer cette statistique.

Les deux hommes se connaissent bien, et le dirigeant néerlandais a déjà prouvé qu'il était capable de calmer les emportements du 45èe président américain. Sa technique ? Montrer qu'il le prend au sérieux et qu'il n'a pas peur de lui tenir tête. "Arrêtons de nous plaindre et de pleurnicher à propos de Trump", dit-il souvent, l'Europe doit travailler avec tous ceux qui sont sur la piste de danse.

Les dossiers ukrainiens, russes et chinois 


Par rapport à l'aide à l'Ukraine, son travail sera de la sécuriser sur la durée. Au prochain sommet de l'Otan, en juillet, il devrait déjà être acté que c'est désormais l'alliance atlantique qui coordonnera l'aide occidentale, et non plus seulement les États-Unis. Mark Rutte veut surtout obtenir un engagement formel sur une enveloppe commune de 40 milliards d'euros par an, aussi longtemps qu'il le faudra. Cela sera plus difficile : la Hongrie a déjà une dérogation - il a promis de ne pas y toucher, et l'Italie ne veut plus mettre au pot.

Mark Rutte devra aussi s'assurer qu'en cas de conflit avec la Russie, l'Alliance est en ordre de bataille : pour cela, il devra accélérer la production de système de défense anti-aérienne et d'obus. Sans oublier de regarder du côté de la Chine, qui monte en puissance, et ne pas se laisser trop distancer, notamment dans les domaines des nouvelles technologies ou de la cybersécurité.

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