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Panchir : la fin d'une forteresse inexpugnable ?

C'est une vallée afghane réputée imprenable, le dernier bastion à résister encore aux talibans : la vallée du Panchir a-t-elle capitulé ? Les talibans l’annoncent. Mais la résistance menée par Ahmad Massoud affirme que le combat continue.

Article rédigé par Louise Bodet
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Les forces de résistance au régime afghan dans la vallée du Panchir (Afghanistan), le 2 septembre 2021. (AHMAD SAHEL ARMAN / AFP)

"Avec cette victoire, notre pays est désormais complètement sorti du marasme de la guerre". Dans une déclaration publiée au matin du lundi 6 septembre, Zabihullah Mujahid, le principal porte-parole du régime taliban, annonce que le contrôle du Panchir est "complet", trois semaines après la prise de Kaboul par les talibans.

Des insurgés ont été tués et le reste a fui. La respectable population du Panchir a été sauvée des preneurs d'otage. Nous (lui) assurons que personne ne fera l'objet de discrimination. Ils sont tous nos frères et nous travaillerons ensemble pour un pays et un objectif.

Zabihullah Moujahid, porte-parole des talibans

Parallèlement, des images diffusées sur les réseaux sociaux par l'agence de presse officielle du gouvernement afghan montrent des talibans hissant le drapeau de l’Émirat islamique devant le siège du gouverneur de la province du Panchir, à quelques mètres du portrait du leader charismatique, assassiné par Al-Qaïda le 9 septembre 2001, Ahmed Shah Massoud.

Repli tactique ?

C'est donc fait, les talibans sont dans la place. Mais l'occupent-ils totalement ? Le Front national de la résistance (FNR) promet de son côté qu'il continue le combat. Sur son compte Twitter, le mouvement mené par le fils du commandant Massoud, Ahmad Massoud, affirme détenir des "positions stratégiques".

La lutte contre les talibans et leurs partenaires continuera.

Front national de la résistance

Baroud d’honneur ou repli tactique ? Il est très malaisé de savoir précisément ce qui se passe dans cette vallée enclavée, difficile d'accès, située à 80 kilomètres seulement de la capitale Kaboul, mais nichée au cœur du massif de l'Hindu Kush. Il n’y a pas de journalistes sur place, très peu d'ONG et les communications sont coupées.  

Enjeu symbolique pour les talibans 

La prise de la vallée du Panchir est un enjeu majeur pour le nouveau régime, d’abord parce qu’il s’agit de la dernière poche de résistance à la mainmise talibane sur le pays. Quelques milliers d'hommes, pour l'essentiel d'anciens membres des forces de sécurité afghanes, se sont regroupés autour d’Ahmad Massoud, le fils du mythique Lion du Panchir, et d’Amrullah Saleh, ex vice-président afghan, l’un des rares membres du gouvernement déposé à n’avoir pas fui à l’étranger ni capitulé. Lors d’une conférence de presse organisée à Kaboul dans la matinée du 6 septembre, Zabihullah Mujahid les a mis en garde : "L'Émirat islamique est très susceptible au sujet des insurrections. Quiconque tente de créer une insurrection sera durement réprimé".

Les forces afghanes formées ces vingt dernières années seront appelées à rejoindre les services de sécurité aux côtés des talibans. La guerre est finie, le pays sort de la crise. C'est maintenant l'heure de la paix et de la reconstruction. Nous avons besoin du soutien des gens.

Zabihullah Mujahid

L’enjeu est également symbolique : ni les Soviétiques dans les années 80, ni les talibans dans la décennie qui a suivi (1996-2001) n'ont pu soumettre la vallée du Panchir, réputée inexpugnable. En 1984, Ahmed Shah Massoud s'était replié face aux Soviétiques qui l’avaient envahie, avant de regagner le terrain perdu.

Imaginaire occidental

Son fils, Ahmad, est-il en mesure de faire de même ? Ses moyens logistiques et humains semblent limités, et l’encerclement de la vallée par les talibans coupe toute possibilité d’approvisionnement depuis le Tadjikistan. Par ailleurs, la personnalité du fils Massoud intrigue. Il a fait ses études au King's College de Londres et à l'académie royale de Sandhurst, la Saint-Cyr britannique. Il a vécu 15 ans au Royaume-Uni puis en Iran avant de revenir en Afghanistan en 2016. À 32 ans, vit-il dans l'ombre et sur le nom de son père ? Ou peut-il incarner un renouveau ?

La province des "Cinq lions" - traduction du persan "Panchir" - nourrit en tout cas l’imaginaire occidental depuis maintenant 40 ans. La soumettre constituerait évidemment une victoire symbolique très forte pour le régime taliban.  

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