Pour éviter la prison à un enfant du Nigéria, le directeur du musée d’Auschwitz veut purger la peine à sa place
Au Nigeria, un mineur de 13 ans est condamné à dix ans de détention pour blasphème. Le directeur du mémorial d'Auschwitz, révolté par ce jugement, propose, avec d'autres volontaires, de faire de la prison à sa place.
Il s'appelle Omar Farouq. Depuis le 10 août, il purge sa peine au fond d'une cellule de l'État de Kano, dans le nord du Nigeria. Omar a 13 ans, il a atteint la puberté : au regard de la loi islamique il est donc jugé comme un adulte. Et parce qu'il a insulté Allah lors d'une dispute avec un copain de son âge, un tribunal de la charia l'a condamné à dix ans de prison avec travaux d’intérêt général.
Dans les 12 États nigérians du nord, majoritairement musulmans, la charia s'applique comme “système juridique", en plus des lois laïques. Le blasphème y est lourdement sanctionné, parfois par la peine de mort, le plus souvent par des séances de coups de fouets ou des amputations. Omar, parce qu'il est mineur, a "juste" eu droit à la prison.
We call for justice for 13-year-old boy Omar Farouq who was jailed for ten years for blasphemy by the Nigerian Sharia court in Kano State. #Nigeria #OmarFarouq #NigerianChild @UNICEF @UNICEF_Nigeria pic.twitter.com/P3dmzgVq8U
— Silent Slaughter Nigeria (@SilentNigeria) September 24, 2020
Mais cette condamnation reste extrêmement lourde. Elle a fait réagir bien au-delà du Nigeria. Parce qu'elle va à l'encontre de tous les principes que le pays s'est engagé à respecter, en ratifiant la Convention des droits de l’enfant en 1991, en adoptant aussi des lois de protection de l'enfance en 2003 notamment. L'avocat d'Omar, qui n'a pas été autorisé à le rencontrer, dénonce un jugement digne de "l'âge de pierre". L’Unicef s'en est saisie, et l'histoire a fini par arriver aux oreilles du directeur du mémorial d'Auschwitz en Pologne. L’historien a pris sa plus belle plume pour écrire une lettre ouverte au président nigérian, notamment parce que Muhammadu Buhari avait visité l'ancien camp de concentration il y a deux ans.
The director of @AuschwitzMuseum wrote the President of Nigeria and asked him to pardon 13-year old Omar Farouq sentenced for 10 years imprisonment.
— Auschwitz Memorial (@AuschwitzMuseum) September 25, 2020
He declares he is ready to share part of the sentence.
'I cannot remain indifferent to this disgraceful sentence for humanity.' pic.twitter.com/EzVBjCzgcY
Son cri du coeur a été entendu : plus de 150 personnes ont répondu à son appel, depuis l’Afrique, l’Europe et l'Amérique du Nord. On ne sait pas si cette pression d'un nouveau genre portera ses fruits. Le président Buhari n'a pas encore répondu.
Lancez la conversation
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.