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Pour éviter la prison à un enfant du Nigéria, le directeur du musée d’Auschwitz veut purger la peine à sa place

Au Nigeria, un mineur de 13 ans est condamné à dix ans de détention pour blasphème. Le directeur du mémorial d'Auschwitz, révolté par ce jugement, propose, avec d'autres volontaires, de faire de la prison à sa place.

Article rédigé par franceinfo, Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Piotr Cywinski, directeur du mémorial d'Auschwitz-Birkenau, lors d'une cérémonie officielle à Oswiecim en Pologne, le 27 janvier 2020 (photo d'illustration). (WOJTEK RADWANSKI / AFP)

Il s'appelle Omar Farouq. Depuis le 10 août, il purge sa peine au fond d'une cellule de l'État de Kano, dans le nord du Nigeria. Omar a 13 ans, il a atteint la puberté : au regard de la loi islamique il est donc jugé comme un adulte. Et parce qu'il a insulté Allah lors d'une dispute avec un copain de son âge, un tribunal de la charia l'a condamné à dix ans de prison avec travaux d’intérêt général.

Dans les 12 États nigérians du nord, majoritairement musulmans, la charia s'applique comme “système juridique", en plus des lois laïques. Le blasphème y est lourdement sanctionné, parfois par la peine de mort, le plus souvent par des séances de coups de fouets ou des amputations. Omar, parce qu'il est mineur, a "juste" eu droit à la prison.

Mais cette condamnation reste extrêmement lourde. Elle a fait réagir bien au-delà du Nigeria. Parce qu'elle va à l'encontre de tous les principes que le pays s'est engagé à respecter, en ratifiant la Convention des droits de l’enfant en 1991, en adoptant aussi des lois de protection de l'enfance en 2003 notamment. L'avocat d'Omar, qui n'a pas été autorisé à le rencontrer, dénonce un jugement digne de "l'âge de pierre". L’Unicef s'en est saisie, et l'histoire a fini par arriver aux oreilles du directeur du mémorial d'Auschwitz en Pologne. L’historien a pris sa plus belle plume pour écrire une lettre ouverte au président nigérian, notamment parce que Muhammadu Buhari avait visité l'ancien camp de concentration il y a deux ans.

Son cri du coeur a été entendu : plus de 150 personnes ont répondu à son appel, depuis l’Afrique, l’Europe et l'Amérique du Nord. On ne sait pas si cette pression d'un nouveau genre portera ses fruits. Le président Buhari n'a pas encore répondu.

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