Qui est Kémi Séba, célèbre influenceur en Afrique francophone, accusé d'être un "relais de la propagande russe" ?

En Afrique, Moscou peut compter sur le soutien de stars des réseaux sociaux. Parmi eux, Kémi Séba, 42 ans, un militant panafricaniste béninois connu pour ses virulentes prises de positions anti-occidentales. Il vient d’être déchu de la nationalité française par un décret paru mardi 9 juillet en France au Journal officiel, daté de lundi.

Son nom ne vous est peut-être pas familier, mais en Afrique francophone, Kémi Séba est une star. Des milliers de personnes viennent à ses meetings. Il compte plus d’un million d’abonnés sur Facebook et ses vidéos font des centaines de milliers de vues sur YouTube. Il vient d'ailleurs de twitter ce message : "Plus de nationalité française, gloire à Dieu. Libéré je suis de ce fardeau". Condamné pour incitation à la haine raciale, Kémi Séba était le leader de la tribu Ka, un groupe suprématiste noir et antisémite dissous par la justice française en 2006. Il se présente comme un révolutionnaire africain du XXIe siècle. 

Star des réseaux sociaux et conférencier 

Kémi Séba a été repéré par les radars du Kremlin lorsque Vladimir Poutine a chargé Evgueni Prigojine, le patron du groupe Wagner mort le 23 aoüt 2023, de prendre pied en Afrique, il y a 10 ans. Wagner, qui s’est développé sur le continent africain par le mercenariat, l’exploitation minière et la mise en place de réseaux d’influence prorusses. Selon l’hebdomadaire jeune Afrique, qui lui a consacré une enquête en 2023, Evgueni Prigojine a même directement financé et commandité des actions de Kémi Séba. 

Avec son ONG Urgence Panafricaines, il multiplie les conférences à l’étranger, du Brésil à l’Iran, en passant par la Russie et le Venezuela, où ses réunions font le plein. Il a également été invité au sommet Russie Afrique organisé à Saint-Pétersbourg par Vladimir Poutine. En France, il a été accusé en 2023 par le président de la commission Défense de l'Assemblée nationale d'être un "relais de la propagande russe" et de servir "une puissance étrangère qui alimente le sentiment anti-français". 

Ses principales cibles, ce sont la Françafrique et le franc CFA, qu’il qualifie de monnaie coloniale. Tout en affirmant ne pas être sous influence russe, Kémi Séba apporte son soutien systématique à tous les états africains qui se tournent vers Moscou après avoir rompu avec la France. 
Niger, Mali, Burkina Faso, à chaque coup d’État Kémi Séba applaudit. "D'autres pays vont rejoindre cette dynamique-là, on y travaille fortement", déclarait-il encore il y a quelques mois.