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Royaume-Uni : un béton bon marché responsable des ratés de la rentrée scolaire en Angleterre

Plus de 150 établissements scolaires n’ouvriront pas comme prévu cette première semaine de septembre en Angleterre. Ils sont jugés "trop dangereux". La faute au béton bon marché utilisé massivement dans la construction des bâtiments publics jusque dans les années 90.
Article rédigé par franceinfo, Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Une salle de classe vide de l'école primaire Cleeves à Glasgow (Écosse, Royaume-Uni), le 2 novembre 2020. (photo d'illustration). (JULIEN MARSAULT / HANS LUCAS)

Ces établissements sont trop dangereux parce que le plafond des salles de classe risque de tomber sur la tête des élèves en plein cours. Ou parce que le toit du préau, ou les cloisons de la cantine sont susceptibles de s'effondrer sans sommation. 

La faute au béton bon marché utilisé à tour de bras dans la construction publique en Angleterre du milieu des années 50 jusque dans les années 90 : le "RAAC", un matériau cellulaire autoclave renforcé très léger, facile à utiliser. Mais à la durée de vie limitée. Après trente ans, on n'est plus sûr de rien, il devient extrêmement fragile comme l'expliquait cette émission de Channel 4 en février 2023 : sa porosité laisse passer l'eau qui fragilise ses structures métalliques. Des travaux sont indispensables.

Quelques jours avant la rentrée, le gouvernement a donc demandé en urgence à 156 écoles, collèges et lycées soit de fermer, soit de condamner l'accès à certains bâtiments. Panique à bord. Certains de ces établissements sont, aujourd'hui encore, en train de chercher d'autres locaux pour accueillir leurs élèves ou de plancher sur leur programme d'enseignement à distance. Des dizaines de milliers d'élèves ne feront pas leur rentrée normalement. 


Si cette décision s'est prise dans la précipitation, c'est parce que cet été, quand les écoles heureusement étaient vides, trois incidents ont été signalés au ministère de l'Éducation... qui a un peu paniqué et pris des mesures de prévention drastique. Au pire moment.

En 2018, une première alerte

Pourtant le problème était connu. C'est aussi pour ça que les parents d'élèves sont furieux. En 2018 déjà, le gouvernement de Theresa May lance une première alerte - certaines écoles se lancent alors dans de grands chantiers de rénovation. Mais pas toutes. L'an dernier un questionnaire est envoyé aux 22 000 établissements scolaires du pays pour établir une photographie globale. Downing Street est alors averti : certains d'entre eux présentent un "risque pour la vie". Cela n'a pas suffi à débloquer les financements.


C'est devenu un scandale politique : le Premier ministre se dédouane : si les travaux n’ont pas été faits, dit Richi Sunak, "ce n'est pas moi le responsable". 

La ministre de l’Éducation, Gillian Keegan, ne brille pas quant à elle par sa maîtrise du sujet. Pour l'instant ce sont les médias qui recensent les uns après les autres les établissements potentiellement dangereux… On attend toujours la liste officielle. 

Le principal syndicat d'enseignants, National Education Union, dénonce une "incompétence flagrante" et l’opposition ne se prive pas de rappeler que les investissements publics dans l'éducation sont en baisse drastique depuis dix ans. 


Le pire, c’est que ce n’est que le début. Parce que le fameux béton RAAC n’a pas été utilisé que dans les écoles : il a aussi servi à construire des commissariats, des prisons, des salles municipales, des administrations. Un tribunal et des hôpitaux ont déjà dû fermer une partie de leurs locaux. Des audits sont en cours, y compris en Écosse et au Pays-de-Galles. Le scandale, qui s'annonce d'ampleur, touche l'ensemble du secteur public de la construction.

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