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Russie : la Sibérie se réchauffe, Moscou se frotte les mains

C'est un lieu qu'on imagine d'ordinaire blanc et glacial. Mais aujourd'hui il y fait plus de 40°C. Cette région de Russie traverse la pire vague de chaleur de son histoire.
Article rédigé par Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Le pergélisol fond en Sibérie (Russie), le 6 juillet 2019. (THE WASHINGTON POST via GETTYIMAGES)

Coup de chaud sur la planète. Après les températures suffoquantes en Asie du sud-est, ainsi que des incendies terribles ravagent une partie du Canada, ce phénomène touche aussi la Sibérie, immense région du nord-est de la Russie, grande comme 25 fois la France. Début juin, dans cet endroit censé être l'un des plus froids et l'un des plus inhospitaliers du globe, le mercure a dépassé... les 40 °C. Et les forêts ont commencé à brûler. Comme en 2021. Comme en 2020. Comme en 2019.

L'Arctique, de façon générale, subit des températures de plus en plus extrêmes. Au cours des 50 dernières années, il s'est même réchauffé trois fois plus vite que le reste du monde. De 1971 à 2019, la température moyenne annuelle dans cette région septentrionale aurait ainsi grimpé de 3,1°C, quand la planète se réchauffait au même moment de 1°C.

La fonte du permafrost, une bombe environnementale

La première conséquence, c'est la fonte du permafrost ("pergélisol" en français), véritable bombe à retardement du réchauffement climatique. Normalement, ce sol est gelé en permanence, jusqu'à parfois un kilomètre de profondeur. Quand il commence à fondre, toutes les matières organiques (champignons, plantes, bactéries) qui y étaient emprisonnées depuis des dizaines de milliers d'années chauffent, fermentent... Cela forme comme des dômes de terre qui finissent par éclater en dégageant des quantités astronomiques de méthane et de CO2, qui accélèrent à leur tour le réchauffement climatique. 

Autre conséquence, la réapparition de virus jusque-là soigneusement conservés dans la terre gelée. Enfin, ce sol qui fond menace la stabilité des infrastructures gazoduc, routes ou villages. 

Ouverture de nouvelles routes maritimes

Et puis, enfin, la glace de la banquise fond, elle aussi. De juillet à octobre, il est désormais possible de relier l’Asie à l’Europe par le nord en longeant les côtes de la Sibérie : c'est le chemin le plus court, beaucoup plus rapide que de passer par le canal de Suez.

Le trafic de fret pourrait être multiplié par quatre d’ici cinq ans. Les enjeux commerciaux sont énormes, notamment pour la Russie, qui possède 20 000 kilomètres de littoral – et par précaution, y a installé 18 bases militaires. Moscou, qui cherche à se désenclaver, a fait de l'Arctique son nouvel eldorado. Le réchauffement rend aussi plus accessibles les gisements d'hydrocarbure ou d'uranium. Tant pis pour les ours polaires : "Business is business".

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