Tabagisme : la Nouvelle-Zélande sort l'artillerie lourde contre la cigarette
Ce serait le premier pays au monde à interdire le tabac. La Nouvelle-Zélande a annoncé une série de mesures contre la cigarette.
Une génération sans tabac : c'est l'objectif affiché par la Nouvelle-Zélande d'ici 2025. Le gouvernement y pense depuis longtemps et a lancé un programme il y a quelques années, mais il vient de faire une série de nouvelles propositions.
Après des mesures d'aide, il sort l'artillerie lourde : augmenter progressivement l'âge pour fumer, réduire le taux de nicotine dans les cigarettes, interdire les filtres, fixer un prix minimum du tabac, restreindre les lieux de vente des cigarettes. La mesure la plus forte : interdire la vente de tabac à toute personne née après 2004 et ce à vie !
The Govt wants NZ smoke-free by 2025 — and depending on your age, you might not have a choice https://t.co/hUWG1LHHQb pic.twitter.com/SL6S4cnwgx
— nzherald (@nzherald) April 15, 2021
Les organisations de santé publique ont évidemment applaudi ces annonces car elles estiment qu'un simple "contrôle du tabac", proposé jusqu'à présent, n'était pas suffisant. En Nouvelle-Zélande, 4 500 personnes meurent chaque année à cause du tabac, soit 0,1% de la population, chiffre comparable à celui de la France. Un demi-million de Néo-Zélandais fument chaque jour et le tabagisme est responsable d'un décès par cancer sur quatre.
Les Maoris particulièrement touchés
Les autorités sanitaires ont lancé une grande étude sur le sujet. Le taux de tabagisme est le plus élevé du pays chez ce peuple autochtone, surtout les femmes. 30% des femmes maories fument tous les jours, contre 10% pour le reste des Néo-Zélandaises. Le cancer est la principale cause de décès chez elle, la deuxième chez les hommes.
Plusieurs facteurs peuvent expliquer ces tristes chiffres. Les Maoris vivent et travaillent en communauté, la cigarette peut être vue comme un passe-temps qui sociabilise et soude un groupe. Les Maoris font aussi partie des classes les plus défavorisées en Nouvelle-Zélande, et selon l'étude, ces populations accordent plus de valeur aux gains à court terme qu'aux gains à long terme. Les femmes maories souffrent également d'une faible estime d'elles-mêmes, car il y a dans cette communauté beaucoup de chômage, et elles ne misent donc pas sur le futur.
Une autre étude montre qu’il est difficile pour une femme maorie, même enceinte, d’arrêter de fumer car elle a au moins une personne dans son environnement proche qui fume. Parmi les mesures proposées par le gouvernement, la restriction des points de vente du tabac. Et ce n'est pas anodin : il y en a quatre fois plus dans les quartiers défavorisés qu'ailleurs. Dans ces quartiers, le nombre de fumeurs est plus élevé.
Mesures contre-productives ?
Certains en Nouvelle-Zélande alertent tout de même sur les éventuelles conséquences néfastes des mesures annoncées par le gouvernement. Cela risque tout d’abord de créer un immense marché noir (marché qui d'après les autorités, existe déjà). Ensuite, pour certains, notamment l’extrême-droite néo-zélandaise, réduire la nicotine dans les cigarettes va avoir l'effet inverse. Les fumeurs achèteront plus de cigarettes pour atteindre leur dose et vont donc dépenser plus d'argent. Une catastrophe pour les populations les plus pauvres.
Il y a aussi une question philosophique : le gouvernement a-t-il le droit d'intervenir dans l'intimité des adultes, s'interroge un journaliste. Les Néo-Zélandais doivent selon lui "être capables de prendre leurs responsabilités." Enfin, l'arrêt de la vente de tabac menace les propriétaires des petites épiceries, les buralistes, qui comptent sur ces revenus pour vivre. Le gouvernement ne minimise pas cette réalité mais ne l’a pas encore chiffrée. Entre la santé et l'économie, il faut choisir.
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