Trêve à gaza, libération des otages, relations diplomatiques ... Les enjeux de la visite d'État de l'émir du Qatar en France
Ce n'est pas la première fois que le propriétaire du Paris Saint-Germain vient faire un tour dans la capitale. En septembre 2023 on l'a vu dans les tribunes du parc des Princes pour le classique PSG - OM. Lors du dîner à l'Élysée mardi 27 février au soir, il sera d'ailleurs à la même table que Kylian M'Bappé.
L'émir du Qatar ne vient pas en France, à partir de mardi et pour deux jours, uniquement pour parler football avec l'attaquant vedette du PSG ou avec son homologue Emmanuel Macron. Les deux dirigeants se sont déjà vus à Paris en 2018 et 2019, et à Doha en décembre 2023. Mais pour la première fois depuis son accession au trône, il y a 11 ans, Tamim ben Hamad Al-Thani est en visite d'État en France. Et c'est le rôle de médiateur de son émirat qui lui vaut d'être mis à l'honneur.
Un acteur-clé du conflit au Proche-Orient
Aucun pays n'est capable, comme le Qatar, de parler à la fois aux Occidentaux, au Hamas et à Israël. Une agilité diplomatique unique qui a permis à Doha de s'imposer comme interlocuteur incontournable depuis le 7 octobre.
De faire accepter un premier cessez-le-feu en novembre. Et d'être à l'œuvre de nouveau aujourd'hui alors qu'un "terrain d’entente" aurait enfin été trouvé pour une nouvelle trêve, assortie d'une importante aide humanitaire, qui permettrait la libération de plusieurs dizaines d'otages israéliens détenus par le Hamas en échange de prisonniers palestiniens. Quelques rencontres ont eu lieu à Paris en fin de semaine dernière, mais la majorité des disccusions ont eu lieu dans l'émirat. Le rôle de la France dans ces pourparlers reste malgré tout très marginal. Emmanuel Macron a quand même des messages à faire passer. Il dira à son homologue que trois ressortissants français sont encore prisonniers du Hamas et que Paris fait de leur libération une priorité absolue.
Sur le plan humanitaire, une opération commune entre la France et le Qatar devrait voir le jour avec l'envoi de frêt, de 10 ambulances et plus de 300 tentes pour les réfugiés de Rafah... Mais les discussions porteront aussi sur l'après-guerre alors que l'offensive israélienne a tué plus de 30 000 personnes selon le ministère de la santé du Hamas. Le président français réclame un élan "décisif et irréversible" sur la solution à deux États, la seule et unique façon selon lui de sortir de la crise. C'est ce qu'il poussera auprès de son interlocuteur.
Réchauffer les relations entre Paris et Doha
Paris veut aussi profiter de cette visite pour acter son rapprochement avec Doha et réchauffer l'atmosphère plutôt fraîche jusqu'ici, Emmanuel Macron ayant fait le choix, dès son arrivée à l'Élysée, des Émirats arabes unis et de l’Arabie saoudite contre celui du Qatar. Les sujets de friction, notamment le financement par Doha du Hamas et de l'islam politique en France, sont relégués au passé. Le Qatar a apporté son aide dans le dossier libanais, il a joué un rôle essentiel dans l’évacuation de l’Afghanistan après la prise de Kaboul par les talibans, il s'est aussi positionné en faveur de l’Ukraine contre la Russie... Tout cela a permis de créer un contexte positif qui donne l'occasion à Paris et Doha d'ouvrir un nouveau chapitre de leurs relations diplomatiques.
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