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Ukraine : l'adhésion à l'Union européenne, ça ne sera pas tout de suite

L'Ukraine peut-elle intégrer l'Union européenne ? Le président Zélensky a demandé mardi devant le parlement européen que son pays bénéficie d'une adhésion accélérée. Demande symbolique forte qui a en réalité a peu de chances d'aboutir.

Article rédigé par franceinfo, Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky s'adresse aux membres du Parlement européen par vidéoconférence,  le 1er mars 2022 (STEPHANIE LECOCQ / EPA)

Rejoindre l'Union européenne est un processus très lent. La Commission, le Parlement et le Conseil doivent d'abord approuver la demande d'adhésion, ensuite prendre le temps de l'examiner. Or il y a 35 chapitres, le nombre de critères à remplir est phénoménal en matière de démocratie, d'indépendance de la justice, d'économie de marché. Il y a des exigences de normes et de lois standards
Le coup de tampon final ne peut se faire que si les 27 sont d'accord à l'unanimité.
Cinq pays sont aujourd'hui reconnus comme candidats officiels : Turquie, Albanie, Macédoine du Nord, Serbie et Monténégro. Leur dossier traîne depuis plus de dix ans.

Pas de procédure accélérée 

Les textes ne prévoient pas procédure accélérée et les 27 ne vont certainement pas créer une "procédure spéciale" comme le réclame Volodymyr Zelensky parce que ça voudrait dire modifier les Traités.
Au-delà du fait qu'un pays qui est en guerre n’est pas en position de rejoindre l'Union, on ne sait pas ce que sera le statut de l'Ukraine demain, si elle restera un pays indépendant. Autre obstacle : sa situation économique. Le revenu par tête y est quatre fois moins élevé qu'en Roumanie, qui est déjà le pays le plus pauvre de l'Union.


Ca n'empêche pas que le message politique de soutien soit très fort de la part de Bruxelles. Il y a eu le vote massif des eurodéputés mardi 1er mars en faveur d'une adhésion mais pour l'instant ça ne suffit pas à lancer la procédure, la déclaration lundi de la présidente de la Commission, Ursula Von der Leyen, a dit, parlant des Ukrainiens : "ils sont des nôtres nous les voulons avec nous", des propos à la fois symboliques et engagés. Pour certains États membres c'est déjà aller beaucoup trop loin. Tant que le bloc européen ne sera pas plus solide sur ses fondations, la France et les Pays-Bas notamment s'opposeront à tout élargissement. À l'inverse mardi huit pays (principalement les pays baltes et les États d'Europe de l'Est) ont appelé dans une lettre ouverte à ouvrir des discussions d'adhésion, mais 8 sur 27, on est encore loin du compte.

D'abord un soutien militaire

On a beaucoup dit que c'est l'hypothétique adhésion de l'Ukraine à l'OTAN qui a provoqué la colère de Vladimir Poutine. Mais le rapprochement avec Bruxelles a aussi agi comme un chiffon rouge. Souvenez-vous en 2013 Kiev voulait signer un accord d'association avec Bruxelles, le Kremlin avait alors exigé du président qu'il s'y oppose, c'est ce qui avait entraîné le mouvement de rébellion de Maïdan et finalement la chute de Viktor Ianoukovitch.
Quand finalement, en 2014, un accord de libre-échange a été signé, la Russie a menacé l'Ukraine de "graves conséquences". La ligne majoritaire en tout cas aujourd'hui c'est d'abord d'apporter un soutien militaire à l'Ukraine. L'urgence n'est pas de faire entrer l'Ukraine dans l'Union mais de faire sortir la Russie d'Ukraine.

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