Un Nord-Coréen fuit son pays par la mer pour rejoindre le Sud

Un homme a réussi jeudi à fuir son pays, à la nage, pour se réfugier au Sud. Les évasions ont repris à un rythme très élevé, avec trois fois plus de cas en 2023 qu'en 2022.
Article rédigé par Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Des drapeaux nord-coréens, en avril 2019, à Pyongyang, en Corée du Nord. (ED JONES / AFP)

La plupart du temps, les Nord-Coréens qui fuient la dictature et la misère passent clandestinement par la voie terrestre, vers la Chine puis la Thaïlande. Mais cette fois, cet homme, qui n'a pas encore livré tous les détails de son périple, s'est jeté, jeudi 8 août 2024, à l'eau dans le bras de la mer Jaune qui sépare le nord et le sud de la péninsule. Il a été récupéré au petit matin sur un îlot sud-coréen à moins de cinq kilomètres de son point de départ.

Plusieurs raisons peuvent expliquer cette défection. D'abord, depuis quelques mois, des activistes sud-coréens envoient au nord d'innombrables ballons chargés de tracts anti-Kim Jong-un pour éclairer les Nord-Coréens sur la situation de leur pays. Il y a aussi des clés USB avec de la k-pop et des séries télé. Pour certains analystes, cela a pu créer un déclic chez certains et les inciter à franchir le pas de l'exil. Par ailleurs, la Corée du Nord vient de subir des pluies torrentielles, les pires jamais vues en 30 ans, les inondations auraient fait 1 500 morts et des dégâts considérables. Il est possible que certains aient profité de la confusion. En tout cas les évasions ont repris à un rythme très élevé : 196 cas en 2023, trois fois plus qu'en 2022, principalement des diplomates et des étudiants.

L'accord de détente militaire entre les deux pays est enterré

Cette défection intervient à un moment où les relations entre les deux pays sont au plus bas. À chacun ses ballons : la Corée du Nord, elle, envoie des milliers de baudruches chargés d'ordures et d'excréments d'animaux.

Ces envois de ballons ont tellement agacé Séoul qu'en représailles, début juin, les autorités sud-coréennes ont complètement enterré l'accord militaire de détente qui liait les deux voisins depuis 2018. Ça a fini d'ouvrir la boîte de Pandore. Pyongyang, aujourd'hui, renforce ses capacités militaires près de la frontière. Ce sont 250 lance-missiles tactiques de nouvelle génération qui viennent d'y être transférés. Au cours d'une grande cérémonie Kim Jong-un affirmait même les avoir "conçus personnellement". D'habitude, Pyongyang ne donne pas de chiffres sur ce genre de déploiement, mais le dictateur nord-coréen est clairement engagé dans une nouvelle phase de stratégie de dissuasion face à ses ennemis.

Dimanche, Kim Jong-un a dénoncé "la transformation des alliances conduites par les Américains en blocs militaires fondés sur l'arme nucléaire", de quoi justifier le déploiement de son propre arsenal. D'ailleurs, il n'est pas impossible selon Séoul que Pyongyang procède à un nouvel essai nucléaire juste avant ou juste après l’élection présidentielle américaine le 5 novembre 2024, histoire de mettre la pression sur le prochain locataire de la Maison Blanche. Le dernier essai nucléaire remonte à 2017.

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