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Le mot de l'éco. Grand EDF : il est urgent d'attendre ?

Hercule  ou le grand EDF : un plan de réorganisation d'EDF pour l'instant embourbé des négociations difficiles et qui fait l'unanimité contre lui. Cette fois, c'est la Commission européenne qui bloque. 

Article rédigé par franceinfo, Grégoire Lecalot
Radio France
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Temps de lecture : 3min
1er mai 2021. Fête du travail à Toulouse. Une bannière déployée disant : "Non au projet HERCULE". (Illustration) (ALAIN PITTON / NURPHOTO / AFP)

Si on vous dit Hercule, est-ce que ça vous dit quelque-chose ? Rappelez-vous, c’est le nom du projet de réforme en profondeur d’EDF, concocté par son PDG, Jean-Bernard Lévy. Mais la réforme d’EDF apparemment, c’était l’épreuve de trop, même pour un super héros de la mythologie grecque. Antio sas donc (au revoir en grec) le plan Hercule. Place à "grand EDF".

Et il ne s’agit pas seulement d’un changement de nom, il y a aussi un changement de capitaine. Car Jean-Bernard Lévy laisse la conduite du dossier au ministre de l’Économie lui-même Bruno Le Maire.

franceinfo : Pourquoi ce changement ? 

Grégoire Lecalot : Et bien parce que le plan Hercule était dans l’impasse, embourbé dans une négociation difficile. Petite séquence flash-back, pourquoi cette réforme ? EDF est en situation économique fragile, avec une dette de 42 milliards d’euros et des investissements colossaux en perspective, à la fois sur son parc nucléaire, et pour rattraper son retard sur les énergies renouvelables qui feront les géants énergétiques de demain.   

EDF cherche donc désespérément des revenus. Et elle estime qu’elle ne vend pas assez cher à ses concurrents l’électricité produite par ses centrales nucléaires. Une loi l’oblige à leur en vendre une partie à prix fixe, dans le cadre de la libéralisation du marché de l’électricité voulue par l’Europe.  

EDF et le gouvernement français ont donc proposé à la Commission européenne une sorte de donnant-donnant : un relèvement du prix de vente de l’électricité nucléaire, en échange d’une refonte de l’électricien français, avec une organisation plus conforme à la vision libérale et concurrentielle de Bruxelles.

Et qu’est-ce qui n’a pas marché ? 

Ni le gouvernement, ni la direction d’EDF n’ont réussi à faire avaler les différentes versions du plan Hercule aux syndicats. Ces derniers ont commencé à mobiliser des relais politiques, à l’approche de l’élection présidentielle ; le gouvernement n’apprécie pas du tout.   

Les syndicats contestent le principe même du plan avec la division d’EDF en trois parties, dont une partiellement privatisable. Ils dénoncent un démantèlement. Pour essayer de les convaincre, le gouvernement a donné des gages. Il réaffirme qu’EDF doit rester un groupe public et intégré, que les salariés et les finances doivent circuler entre ses différentes parties.  

Et là, cette fois, c’est la Commission européenne qui bloque. Si le groupe peut faire circuler son argent d’un secteur rentable à un autre qui l’est moins, alors pas de raison de lui permettre de relever les prix de vente de l’électricité nucléaire. Ça lui donnerait trop d’avantages par rapport à ses concurrents.

Va-t-on sortir de ce blocage ? 

Difficile de voir comment, avant la présidentielle en tout cas. Bruno Le Maire doit revoir les syndicats début juin, et la Commission européenne mi-juin. Vu le retard que prend la négociation et la congestion du calendrier parlementaire français, ça semble mission impossible. D’ailleurs le gouvernement ne donne plus de borne. Il est urgent d’attendre. Sauf que pendant ce temps-là, les compteurs tournent : EDF continue à se fragiliser économiquement.

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