Le mot de l'éco. Grèce : la sortie du plan d’aide ne signifie pas la fin de l’austérité
Les ministres des Finances de la zone euro ont annoncé cette semaine que la Grèce pourrait sortir des plans de sauvegarde européens qui la soutiennent depuis 2010, mais avec des conditions.
Après huit ans de crise, les ministres des Finances de la zone euro sont enfin parvenus à un accord sur le rééchelonnement de la colossale dette grecque. Un préalable à la fin du dernier plan d’assistance, le 20 août prochain.
Une page se tourne en Grèce
À tel point que le Premier ministre, Alexis Tsipras, souligne le caractère "historique" de l’accord trouvé cette semaine. Depuis 2015 et le lancement d’un troisième plan d’aide international, l'économie grecque a retrouvé quelques couleurs. L'industrie touristique tourne à plein régime. Le pays a connu sa première année de croissance en 2017, cette année elle devrait frôler les 2%.
Au prix de cures d'austérité, la Grèce a même réussi à dégager un excédent budgétaire de 0,8%. En 2009, le déficit dépassait les 15%. Le chômage a reculé de près de 8 points depuis le pic de 2013, mais il touche encore 20% de la population active. C'est toujours le taux le plus élevé d'Europe.
Une bouffée d'air mais une économie encore fragile
Le tissu économique grec a encaissé les traitements de choc successifs exigés, en échange de l'aide financière européenne. Coupes massives dans les retraites, réforme des conventions collectives, du salaire minimum, de la fiscalité, de la couverture sociale, hausse de la TVA...
Résultat, le niveau de vie des Grecs s'est effondré et aujourd'hui la consommation patine. Les investissements des entreprises restent faibles et surtout 35% de la population vit sous le seuil de pauvreté, c'est-à-dire avec moins de 500 euros par mois.
La Grèce en liberté surveillée
Officiellement, le dernier plan de sauvetage s'achèvera le 20 août. Mais la Grèce reste sous surveillance très étroite et la question de la dette qui représente 180% du PIB n'est sur le fond pas du tout réglée. En fait, l’accord trouvé cette semaine n’efface rien de la dette grecque, il est différé dans le temps des remboursements. Certains jusqu'en 2069.
Par ailleurs, des contreparties sont demandées à Athènes : le pays devra se soumettre à un audit de ses finances publiques quatre fois par an, il devra réaliser un surplus budgétaire d’au moins 3,5% du PIB jusqu’en 2022 et de plus de 2% pendant…les 37 années suivantes.
Ce qui signifie que les réformes structurelles et la rigueur vont inévitablement devoir se poursuivre. Autant dire que l'indépendance économique de la Grèce est toute théorique et que le pays est loin d'avoir tourné la page de l’austérité.
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