Cet article date de plus de douze ans.

Ces entreprises françaises séduites par les hackers

Il y a un peu plus de deux ans, une série d'attaques informatiques a été menée au niveau international dans plusieurs organismes comme l'Otan, la Communauté européenne. Plusieurs entreprises de sécurité ont été touchées notamment en France. Les hackers ont été très critiqués. On les a tenus pour responsables des malheurs du cybermonde. Seulement voilà aujourd'hui, ceux que l'on qualifiait de "cyber-terroristes" sont devenus d'indispensables génies qui sont très recherchés par les entreprises françaises.
Article rédigé par franceinfo
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Les Français se sont intéressés à ces rois de la bidouille créative bien tard par rapport aux Etats-Unis ou l'Allemagne qui depuis les années 80 recrutent des hackers. Dans les pays anglo-saxons, des sociétés comme Microsoft ou encore Google ont été à un moment ou un autre confrontées à des soucis de sécurité. Elles ont compris que, pour se protéger de ces attaques, le plus simple était d'embaucher ceux qui ont réalisé ces intrusions spectaculaires. Du coup, aux Etats-Unis, Apple, Amazon, la CIA mais aussi le Pentagone, les services de renseignement britanniques se sont lancés à la recherche de hackers.
L'Agence de recherche et développement du Pentagone finance même des projets issus de la communauté des hackers.

Les hackers sont aujourd'hui "stratégiques "

En France, nous avons une vingtaine d'années de retard. On commence juste à se rendre compte de l'importance de cette communauté.
Eric Filiol a écrit plusieurs ouvrages sur la sécurité informatique et la cyber-guerre. Il dirige un laboratoire de virologie et cryptographie en France. Selon lui, "les hackers sont ceux qui ont fait Internet, qui ont contribué largement à sa sécurité ". Ils sont aujourd'hui "stratégiques ". "Malheureusement, la France a une culture qui fait que l'on se méfie un peu ". Les pirates et les hackers, "ça n'a strictement rien à voir ".

Pour faire leur marché, les recruteurs jouent les espions. Ils sillonnent les salons, les conférences qui fleurissent aujourd'hui dans le monde des hackers. Un rendez-vous comme celui là avait lieu la semaine dernière à Paris. Des hackers du monde entier se sont retrouvés. Des rencontres qui sont devenues de véritables salons pour l'emploi.
Le gouvernement français a créé il y a quelques mois l'Agence Nationale de Sécurité des Systèmes d'Information. Elle a pour objectif de lutter contre les menaces informatiques auxquelles notre pays est exposé. Cette agence a déjà infiltré des salons comme celui de Paris pour dénicher le bon profil.
L'Anssi recherche des ingénieurs en détection et prévention d'intrusion, des spécialistes en sécurité...

C'est le cas aussi d'EADS. Le groupe aéronautique et spatial recrute ces génies en informatique. Une de ses filiales, Cassidian travaille dans la sécurité informatique. "On recherche des profils pointus pour réaliser des prestations haut de gamme en sécurité informatique " explique Cédric Blancher. "On peut penser à des tests d'intrusion très pointus, comprendre comment un attaquant a fait son chemin. Nos produits embarquent de l'informatique et cet informatique communique ". Tout cela "doit être sécurisé ".

"Il y a toujours un risque"

Les recruteurs savent qu'ils ont en face d'eux des férus d'informatique, qui connaissent parfaitement les systèmes de sécurité. Mais beaucoup d'experts en sécurité informatique prédisent une année 2012 terrible pour la sécurité. Les attaques vont encore augmenter. Il faudra donc accroître les niveaux de protection. Ces entreprises ont donc absolument besoin de gens capables d'analyser un système, de le protéger. Les candidats sont testés pendant leur période d'essai. Chez EADS par exemple, le hacker qui a été choisi, comme tous les autres salariés, "fera l'objet d'une demande d'habilitation ". Cette enquête sera "menée par les autorités " . Embaucher un hacker , "il y a toujours un risque ". C'est une "question de confiance " précise Cédric Blancher. 

 

 

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