Cet article date de plus d'onze ans.

Congrès du PC chinois : une nouvelle génération de dirigeants va émerger

C'est dans le Grand Hall du Peuple sur la place Tian An Men en face du Mausolée de Mao que 2270 délégués au 18e Congrès national Populaire vont préparer l'entrée en scène des successeurs de l'équipe dirigée par Hu Jin Tao et Wen Jia Bao. Ils leur passeront le relais en mars pour 10 ans et rares sont ceux qui connaissent la liste exacte des sept futurs dirigeants du Parti.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
  (©)

Le suspense
est garanti car les sept ne sortiront de l'ombre qu'à la fin du Congrès
par ordre d'importance sur le perron du Grand Hall du Peuple. Le Comité
permanent du bureau politique est un organe de décision collégial mis en
place
par Deng Xiao Ping qui avait souffert comme d'autres des purges sous la
férule
de Mao.

Bien sur, on sait qui sera le numéro un au Comité
permanent. Ce sera le
même homme qui prendra la présidence en mars : Xi Jinping, âgé de 59
ans,
sera nommé secrétaire général par ce 18e Congrès.

Il aura comme
Premier
ministre Li Keqiang, un juriste et un économiste de 57 ans, le numéro
deux au
Comité permanent après un vote à mains levées des 25 membres du Bureau
Politique. Le Politburo sera élu par un nouveau Comité central,
l'équivalent
du Parlement du parti. Le Congrès s'est ouvert avec  le rapport
"bilan et perspectives" du secrétaire général sortant Hu Jintao
qui
aura passé 10 ans à ce poste le 14 novembre.

Bilan et
critiques

Les 10
dernières années ont été celles où la Chine a doublé le Japon en termes
de PIB.
Les Jeux Olympiques et l'Exposition Universelle ont été de grands succès
assombris par les émeutes réprimées au Tibet et au Xinjiang.

Le
revenu moyen
annuel des chinois a quadruplé mais les écarts de richesses ont plus que
décuplé et le mécontentement a grandi devant l'étendue de la corruption
des
cadres locaux ou dirigeants avec plus de 100.000 "incidents de masse "
répertoriés. La révolte du village de Wukan dans le Cantonais en a été
le
symbole avec la mort du boucher du
village torturé en prison avant que les autorités de la province ne
réagissent
et organisent des élections locales il y a un an.

La qualité
de la vie au quotidien s'est dégradée à cause d'un modèle d'urbanisation
galopante et d'une industrialisation à tout prix qui ont forcé le
Premier
Ministre Wen Jia Bao à appeler à des réformes audacieuses à peine
entreprises. Le
manteau de  sécurité sociale en zone
rurale existe mais il est fin comme du papier de riz, ce qui pousse les
jeunes
et les vieux à migrer vers les villes. L'afflux des "Diaosi ", les
jeunes pauvres comme Ma, 25 ans, employé d'une société de climatiseurs,
logé en
collectivité, repose le problème de la création d'une nouvelle classe de
prolétaires. Ma adresse son message  aux
dirigeants :"Ecoutez la jeunesse qui se moque d'elle-même sur
Internet  tellement elle est
désespérée
".

Le défi d'Internet

Inutile
de préciser que 500 millions d'internautes constituent un défi pour
l'autorité
quand ils sont en colère. Le plus emblématique de cette nouvelle société
civile, avec le poing levé en forme d'arobase quand ce n'est pas le
doigt, est l'artiste dissident AI Wei Wei.

Aileen,
25 ans, rédactrice dans un journal de mode résume l'intérêt du Congres
pour
elle :"Ça ne changera rien à la vie quotidienne des chinois mais moi
j'espère qu'ils parleront des libertés, cesseront de censurer les films
et les
livres et nous donneront accès à Facebook et à Twitter."

L'avertissement
aux dirigeants concernant la corruption 
est clair et net y compris de la part de fidèles du parti comme la
retraitée
Wang Tao, 64 ans, bénévole dans la rue pour assurer l'ordre: "Tout le
monde doit être égal devant la loi. Ils feraient bien d'aller faire
leurs
courses au marché aux légumes et de sortir de leur tour d'ivoire. Il
faut
qu'ils changent leur façon de travailler.
" Un signal fort est donc
attendu
du Grand "Shibada ".

Chambardement
ou pourrissement ?

Attendue
depuis 20 ans, sans cesse repoussée, l'ouverture démocratique est encore
loin selon
Jean Philippe Béja, chercheur au CNRS, et selon Michel Bonnin Professeur
à
l'université Tsinghua de Pékin: "La stagnation politique est ce qui a
caractérisé les dix années passées en Chine. On est dans une ère
brejnevienne
et on sait comment ça se termine
", résume Béja.

Ces deux
connaisseurs de la Chine ne voient pas en Xi Jinping un réformateur pour
la
simple raison qu'il sera noyé dans un groupe de conservateurs, les
"sept"
défendront les acquis dont le principal est à leurs yeux le Parti qui
doit
rester unique.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.