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L'Italie se mobilise pour sauver Pompéi

En Italie, le site de Pompéi provoque à nouveau l'émoi. Un fragment d'une fresque de la maison de Neptune a été dérobé la semaine dernière, un épisode de plus à ajouter aux multiples effondrements de ces dernières années. Il y a deux ans, le gouvernement Monti annonçait le lancement du Grand Projet Pompéi pour sauvegarder le site classé au patrimoine de l'Unesco depuis 1997. Et mettre en sécurité les "domus", ces maisons romaines conservées des siècles sous la couche de cendres qui s'était déposée sur la ville après l'explosion du Vésuve en 79 après JC.
Article rédigé par franceinfo
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Ce n'est pas très
spectaculaire, mais un peu partout à Pompéi, des rues sont barrées par des
rubans rouges et blancs, et de nombreuses maisons, ces fameuses "domus", fermées  par des grilles. Les pluies de l'hiver ont fait des dégâts. Antonio Irlando est
un passionné de Pompéi, qu'il fréquente depuis 35 ans : "Nous avons fait une étude il y a une dizaine d'années, et nous
estimons que 80 % de l'aire archéologique de Pompéi est en danger de destruction.
Cette donnée, hélas, est en augmentation ! La zone ouverte au public se réduit
sans cesse. Certaines zones sont fermées depuis des années, mais d'autres
étaient encore ouvertes il y a peu. Tous les jours, au maximum, cinq  domus sont
ouvertes au public, sur une trentaine qui pourraient plus ou moins être
visitables
".

Umberto, lui, travaille à Pompéi depuis plus de 25 ans : "Cette maison, que nous voyons de l'extérieur, est la plus belle de Pompéi.
Jusqu'à il y a 13 ans, le but des trois millions de visiteurs annuels était de voir la Maison des
Vetti. Et elle est fermée depuis environ 13 ans...
" Des travaux
en panne, une lenteur bureaucratique et comme elle, près de 25 "domus" sont
fermées pour restauration.

Le Grand Projet : un gâchis ?

Et pourtant, l'Etat italien a lancé le Grand Projet Pompéi en 2012, il y a
presque deux ans jour pour jour, début avril. 105 millions d'euros, dont 42
financés par l'Union européenne, pour des travaux de restauration. Ce projet
prévoit la restauration complète de cinq maisons, et la mise en sécurité des
édifices. En deux ans, sur 55 projets, 14 ont fait l'objet d'appels d'offre, cinq chantiers ont démarré et une seule maison a été restaurée.

Mais le problème à
Pompéi, ce n'est pas le manque d'argent. Antonio Peppe, syndicaliste, rappelle
que la billetterie du site rapporte 20 millions d'euros par an. Le Grand projet
c'est de l'argent gâché, dit-il, si on restaure sans faire en même temps de
l'entretien ordinaire. "Dans les années 80, il devait y avoir 120 ouvriers qui travaillaient
pour l'aire archéologique de Pompéi, pour enlever constamment les mauvaises
herbes dans les fouilles, ou pour entretenir les fresques, ou les mosaïques.
Chaque hiver, les mosaïques étaient recouvertes de sable volcanique, et rendues
à nouveau visibles chaque printemps. Aujourd'hui, nous avons trois
ouvriers
", se plaint-il.

Après une
réunion d'urgence au ministère, deux millions d'euros ont été débloqués pour ces
travaux d'entretien ordinaires. D'après les associations, il faudrait embaucher
au bas mot 200 personnes, ouvriers, archéologues, mais la surintendance fait
appel à des entreprises extérieures. Et c'est sans compter les gardiens. En
moyenne, chaque jour, ils sont 27 sur un site de 66 hectares. Une cinquantaine de
maisons sont fermées par manque de personnel.

Quel avenir pour Pompéi ?

L'enjeu,
c'est l'image de l'Italie. A Pompéi passent des touristes du monde entier. "A
la dégradation et au traitement que l'Italie réserve à Pompéi, on associe
désormais l'image d'une nation entière
", dit Antonio Irlando. Il faut que
l'Italie puisse s'occuper de Pompéi. Et la question de l'avenir des fouilles se pose. Massimo Ossana est le tout nouveau surintendant de
Pompéi : "Je suis opposé à ce qu'on poursuive les fouilles sur des zones qui
n'ont pas été fouillées. Il y a des fouilles depuis 1748, je pense qu'on peut
s'arrêter, surtout parce qu'on doit laisser ce qui reste aux générations futures
qui auront des technologies plus raffinées que les nôtres. En revanche, il faut
continuer à fouiller dans les domus qui étaient habitées au moment de
l'éruption, et faire des recherches sur l'histoire plus
ancienne
".

Le
surintendant assure que d'ici fin 2015, la situation aura changé. Sept millions
d'euros vont aussi être dépensés pour améliorer la signalétique du site et le
rendre plus lisible pour les touristes.

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