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La CGT, un opposant de plus au gouvernement ?

Le 50e congrès du syndicat débute ce lundi à Toulouse. Bernard Thibault va passer la main à un nouveau secrétaire général, Thierry Lepaon. La CGT est plus que jamais sur une ligne dure face à François Hollande et son gouvernement. Le premier syndicat français avait pourtant appelé à la défaite de Nicolas Sarkozy. Mais désormais il multiplie les critiques envers le nouveau président, jugé trop timoré. Pour le vérifier, France Info a enquêté auprès de militants CGT de Moulins, dans l'Allier.
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Les 160 employés de la fabrique de serrures JPM ne font pas la Une des journaux nationaux. Ils sont moins nombreux que les ouvriers de Goodyear ou de PSA, mais leur sort est identique. L'usine, basée à Avermes, tout près de Moulins, doit fermer l'été prochain. La CGT a organisé une grève illimitée et des rassemblements réguliers sous les fenêtres de la direction.

Le délégué, Eddy Lamartine, est aussi remonté contre son employeur que contre le gouvernement de gauche qu'il juge trop passif : "Est-il normal de perdre son emploi alors qu'il n'y a aucune raison de le perdre ? Nous sommes un cas typique de licenciement boursier. Notre société est rentable, avec des résultats à deux chiffres qui en feraient rêver beaucoup. Aujourd'hui il faut attendre d'être licencié pour saisir la justice et contester le motif économique de son licenciement. Il faudrait pouvoir le faire avant de perdre son emploi. Nous avons entendu le ministre du Redressement productif nous annoncer une loi sur les sites rentables. Aujourd'hui nous n'avons toujours rien, nous sommes très déçus ".

Impatience de la CGT face au pouvoir

Cette impatience face au gouvernement socialiste, on la retrouve aussi chez Gérard Virlojeux, barbe poivre et sel et bonnet de supporter de l'AS Saint-Etienne sur la tête. Il raconte qu'il a voté Hollande au deuxième tour de la présidentielle : "Pour les gens de la CGT, l'essentiel était de se débarrasser de Sarkozy, mais on avait aussi des attentes fortes. On veut cette fameuse loi sur les licenciements boursiers. Je suis totalement pour le mariage gay, mais je pense qu'il y avait des dossiers beaucoup plus urgents et prioritaires à traiter. Ce qui nous attend c'est le chômage, sans aucun recours. Et ça me tombe dessus à seulement 5 ans de la retraite. On se demande si le gouvernement légifèrera, mais pour nous, il est déjà trop tard ".

La grève chez JPM s'est terminée vendredi. Les salariés ont obtenu une prime de 85.000 euros, mais ils n'ont pas pu éviter la fermeture du site. 

"En tant que vieux briscard de la CGT, je n'avais guère d'illusion. Mais je suis tout de même supris de la rapidité avec laquelle Hollande a renoncé à ses promesses"

Au-delà du cas particulier de cette usine, un autre sujet accentue encore la rancœur des militants : le récent accord sur l'emploi. Le texte modifie en profondeur le code du travail. La CGT s'y oppose. Pour Michel Beaune, le responsable du syndicat dans l'Allier, cet accord est un motif supplémentaire de critique du président de la République : "En tant que vieux briscard de la CGT, je n'avais guère d'illusion. Mais je suis tout de même surpris de la rapidité avec laquelle François Hollande a renoncé à un certain nombre de promesses. Nous étions preneurs de la sécurisation de l'emploi. Mais l'accord qui a été signé, dont le président de la République dit qu'il est bon, c'est en fait une manière de faciliter les licenciements. Il limite les droits de recours aux prud'hommes. C'est un chèque en blanc au patronat !

Environ 700.000 cégétistes en France

La CGT est donc sur une ligne dure. Mais a-t-elle les moyens de ses ambitions ? Peut-elle vraiment infléchir la ligne gouvernementale ? Pour l'instant, ce n'est pas le cas. Les récentes manifestations contre l'accord sur l'emploi n'ont pas attiré les foules. Et la CGT a aussi du mal à conquérir de nouveaux adhérents. C'est aussi le cas à l'usine JPM, près de Moulins : seulement une petite dizaine de militants encartés pour 160 salariés. Ces difficultés à mobiliser se retrouvent aussi au niveau national. L'objectif du secrétaire général sortant Bernard Thibault était d'atteindre le million d'adhérents pour la CGT. On en est loin, avec environ 700.000 membres revendiqués. Rappelons aussi qu'en France, seulement 8 % des salariés sont syndiqués.

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