René Buffière, 87 ans, futur bachelier?
La petite
table qui sert de support à sa télévision disparaît sous les piles de livres et
les copies doubles couvertes d'une écriture fine, penchée, un peu tremblante...
René Buffière ne ménage pas ses efforts. "Etudier, je ne fais que
ça ! Je travaille de 9 heures à 11 heures, puis de 16 heures à 18 heures
et enfin de 21 heures à minuit. C'est long ! Je crois qu'il n'y en a pas
beaucoup, à mon âge, qui auraient le courage de faire ça... "
Son premier
et dernier diplôme, René Buffière l'a obtenu en 1938 : il avait 14 ans,
c'était le certificat d'études. Puis il a commencé à travailler. Dans sa
famille, on ne faisait pas d'études. Pas assez d'argent. Devenu chauffeur de
bus, il n'a pourtant jamais cessé de lire et de s'intéresser "au
savoir" . "Passer le bac, j'aurais du y penser plus tôt !
Parce que maintenant, ça ne me servira à rien... Enfin, si, ça m'instruit... Je
sais beaucoup de choses que je ne savais pas ! "
Le bac,
René Buffière le dédie à son fils Daniel, un inspecteur du travail abattu d'un
coup de fusil par un agriculteur de la région. C'était il y a huit ans :
"Je n'ai jamais tourné la page. S'il était là, il serait heureux comme
tout ! "
"Il s'en sort plutôt bien !"
Depuis deux
ans, ce lycéen pas comme les autres révise l'économie et la philo avec le Cned,
le Centre National d'Enseignement à distance. Que valent vraiment ses
copies ? "La première année, c'était franchement pas bon"
dit Sibiri Hema, l'équivalent de son professeur principal, "mais il
s'est accroché et cette année il s'en sort plutôt bien, notamment en économie
où il y a la moyenne. En philosophie, il reste un peu faible... mais c'est un
cours difficile".
Que ce soit au Cned ou dans la maison de retraite,
l'entourage de René Buffière souligne sa persévérance : "On
commence à vieillir quand on finit d'apprendre , dit Sibiri Hema. Il en est un bel exemple ".
La première
épreuve, ce sera la philo, le 18 juin. Qu'il décroche son bac ou pas, René
Buffière a déjà un autre projet : écrire un livre sur le savoir et la
conscience.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.