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Rythmes scolaires : les enfants ont la parole

Des manifestations sont prévues aujourd'hui à l'appel de syndicats d'enseignants et de parents d'élèves pour protester contre la réforme des rythmes scolaires. Mais qu'en disent les premiers concernés à savoir les enfants ? C'est le Plus de France Info ce matin.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
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Dans un établissement du
19e arrondissement de Paris, au nord-est de la capitale, on compte 10 classes
qui vont du CP au CM2. Et 251 écoliers qui jusqu'ici n'avaient jamais travaillé
le mercredi.

Depuis la rentrée, ils ont
trois heures de cours le matin. Un sacré changement dans leur vie. Et quelques
grèves aussi depuis la rentrée qu'ils subissent avec plaisir pour certains : "J'aime bien ça, je vais chez mes grands-parents et je regarde la télé " sourit
l'un des enfants.

Dans ce changement de
rythme,  il y a un point qui cristallise
l'attention. "Se lever le mercredi matin c'est fatiguant, s'indigne Binta. Je
suis toujours fatiguée. En plus ça ne sert à rien pour trois heures de cours
seulement
."

Moins de devoirs

Et cette fatigue, ça revient
régulièrement dans la bouche de ces enfants. Les adultes confirment, dans les
salles de classe, ils voient des bâillements en particulier le jeudi
après-midi.

Les enfants trouvent la
semaine longue. Ça se traduit aussi par des changements dans le fonctionnement
de la classe. "Tous les vendredis, on est tous fatigués, raconte Samadi. La
maîtresse a dit qu'elle allait nous donner moins de devoirs.
"

Pour certains enfants de
cette classe de CM2, travailler le mercredi matin, ça ne change pas grand-chose
puisque les années précédentes ils allaient au centre aéré. Ils se levaient tôt
de toute façon. Et puis il y a Barnabé qui aime bien les week-ends qui
commencent le vendredi à 15h : "Au départ, je pensais que ce serait nul mais
finalement c'est pas si mal. Comme souvent les week-ends, je pars quelque part,
on part plus tôt. Ça évite d'arriver très tard et d'être fatigué le lendemain.
"

Fatigue accumulée et grasse matinée qui saute

La fatigue accumulée et une
grasse matinée qui saute, c'est la première conséquence qui saute aux yeux des
enfants et les activités extra scolaires qui ont été mises en place ne
suscitent  pas d'enthousiasme débordant.

Concrètement, les 3 heures
de cours du mercredi matin ont été retirées le mardi et le vendredi, 1h et demi
à chaque fois. Deux journées où les cours
se terminent à 15h. Pour enchainer, avec des ateliers rythmes éducatifs, c'est
à dire des activités aussi variées que capoeira, théâtre, jeu sportif ou même arts de la table. 13 activités le mardi, 14 le vendredi.

Les enfants ont choisi mais
ils n'ont pas toujours obtenu ce qu'ils voulaient ou se retrouvent dans
certains ateliers victimes de leur succès.

Des ateliers "inutiles" ou
surchargés

C'est ce qui arrive à
Annouka. Elle s'initie à la création multimédia mais selon elle, ils sont trop
nombreux dans ce groupe.

Elle n'a pas l'impression
d'apprendre : "Non je n'apprends presque rien. Il y a vraiment des séances
inutiles, certains font n'importe quoi. C'est vraiment du temps perdu."

Certains ateliers apparaissent puis disparaissent, en fonction des animateurs,
des associations, des changements imposés.

A écouter ces enfants, on ne
voit pas beaucoup d'avantages à ce changement. Ceci n'a évidemment pas valeur
de sondage.

Il y a quand même Melvin qui
ne trouve pas que des inconvénients au fait de travailler le mercredi matin : "Ça nous prépare à l'entrée au collège. L'année prochaine, nous serons en 6e et
il faudra travailler le mercredi matin, ce sera pareil.
"

Des grèves, des
manifestations, une véritable opposition politique, ce changement de rythme
scolaire provoque beaucoup d'agacements d'adultes. Pour ces enfants, c'est
souvent gênant mais comme ils le disent eux-mêmes : pas si grave.

Et de toute façon, pas
la peine de s'énerver. Barnabé sait déjà comment ça
va se terminer : "Ça ne sert rien puisqu'Hollande ne changera pas d'avis. "

 

 

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