Ultra droite, antifascistes : le face-à-face des extrêmes
Ce sont deux mouvances qui se connaissent, qui se pourchassent, qui s'affrontent régulièrement. D'abord, Antifa, créé en 2008. Il s'agit du collectif antifasciste auquel appartenait Clément Méric. Les mentors de ses membres s'appellent Karl Marx, Louise Michel, Rosa Luxembourg. Ils sont les héritiers des redskins des années 80 et ont pris pour cibles l'extrême-droite et son idéologie.
"C'est toujours le même discours, le nationalisme c'est la guerre, le racisme c'est la violence. Dans sa pratique et son discours, l'extrême-droite porte la violence. Elle se nourrit de ça. C'est son modèle de société, basée sur les rapports antagonistes entre les gens ", glisse ce militant antifasciste, qui souhaite rester anonyme.
Agresseurs de l'ultra-droite
Les sept personnes interpellées jeudi appartiennent à la mouvance de la droite la plus extrême. Selon la police, plusieurs graviteraient autour du noyau dur des JNR, les Jeunesses nationalistes révolutionnaires. Serge Ayoub, son leader -surnommé Batskin- conteste toute implication. D'après lui, c'est l'extrême-gauche qui est responsable du drame.
"Ce que je condamne, c'est que des gens comme Mélenchon aient monté des têtes un peu trop chaudes, un peu trop jeunes. Voilà où ça mène. Toutes les affiches de l'extrême-gauche ont mené à ça. Quand on chasse, c'est pour tuer. Ils étaient à l'affût comme on le leur a dit sur leur site d'extrême-gauche. Ce jeune a cru qu'il y avait un combat contre le fascisme. Il a voulu tirer à coup de canon sur nous et il s'est pris un retour de flamme ", explique-t-il.
Jeu du chat et de la souris
Mercredi soir, c'est le hasard qui aurait fait se rencontrer les "antifascistes" et les militants d'extrême-droite dans le magasin de vêtements. Mais en réalité, ces mouvances se livrent au jeu du chat et de la souris depuis le milieu des années 80. Elles sont apparues bien avant les manifestations des opposants au mariage pour tous. Les rencontres de ces groupes radicaux sont fortuites ou organisées... parfois émaillées de violence, comme l'explique Louis Mortens, 35 ans, membre d'Action antifasciste dans les années 2000.
"Il faut s'imposer physiquement, ce n'était pas interdit dans notre univers de les empêcher d'agir. Nous ne cultivons pas la violence et la mort. Après, de temps en temps, nous avons parmi nous des jeunes enthousiastes et qui ont des valeurs et des convictions qu'ils défendent de manière un peu physique... Cela peut arriver ", indique-t-il.
Antécédents de violence
La liste est longue des incidents qui impliquent ces mouvances des extrêmes. Parmi les plus graves, on peut citer la mort du Marocain Brahim Bouarram, poussé dans la Seine par des skinheads en 1995. Pour le spécialiste de l'extrême-droite, Jean-Yves Camus, c'est l'absence de perspectives qui alimente la violence de ces groupes.
"La violence est la marque de fabrique du milieu skinhead, beaucoup plus que l'idéologie. On a des groupes qui ont un espace électoral inexistant, dépourvu de perspectives. Parce que dans le milieu nationaliste, c'est le Front national qui mange toute la part du gâteau électoral, c'est lui qui attire les militants, c'est lui qui désormais fait le tri des militants. Donc, il y a des gens qui ont été exclus, qui n'ont pas de perspectives ", analyse Jean-Yves Camus.
"Quand vous êtes un groupuscule sans perspective, avec quelques dizaines ou centaines d'adhérents, qu'est-ce qu'il vous reste pour vous exprimer ? Il vous reste la violence verbale, ou écrite, et la violence physique ", ajoute-t-il. Reste la question de la dissolution de ces mouvances ultra-nationalistes. Hier, le premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a promis de "tailler en pièces " ces groupes d'inspiration fasciste et néo-nazie.
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