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Le rendez-vous de la médiatrice. Le traitement éditorial de l'élection présidentielle américaine

L’hypermédiatisation de l’élection américaine et la couverture qui lui est accordée sur l’antenne de franceinfo, c'est le sujet de questionnement des auditeurs et internautes cette semaine. Décryptage avec Jean-Marc Four, directeur de la rédaction internationale de Radio France, et avec Emmanuelle Daviet, médiatrice des antennes de Radio France. 

Article rédigé par franceinfo, Emmanuelle Daviet
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5 min
Aux Etats-Unis, on ne connaît toujours pas le vainqueur de l'élection présidentielle américaine, en ce samedi 7 novembre, même si Joe Biden est en tête dans le vote populaire devant Donald Trump. (POOL / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / GETTY IMAGES VIA AFP + STEPHANIE BERLU / RADIO FRANCE)

Mardi 3 et mercredi 4 novembre, franceinfo a fait vivre aux auditeurs le scrutin de la présidentielle américaine en temps réel avec ses envoyés spéciaux et de nombreux invités en studio ou depuis les États-Unis pour commenter cette élection historique, souligne Emmanuelle Daviet, médiatrice des antennes de Radio France. Dès mercredi, l’hypermédiatisation de l’élection américaine et l’importante couverture qui lui a été accordée sur les antennes ont fait réagir les auditeurs, nombreux à écrire sur le sujet : 

Un auditeur écrit : "Pourquoi monopoliser l’antenne, avec les envoyés spéciaux et des commentaires à longueur de journée sur les états d’âme des postulants, avec en plus les sempiternelles explications sur le système électoral américain alors que seul le résultat de l’élection nous intéresse. Nous avons en France bien d’autres problèmes."

Emmanuelle Daviet : Que répondez-vous aux auditeurs sur ce traitement médiatique de l’élection américaine ?

Jean-Marc Four, directeur de la rédaction internationale de Radio France : Je peux comprendre cette remarque. "L'hypermédiatisation" peut irriter certaines personnes. Il y a trois raisons pour expliquer cette fascination : on parle évidemment des États-Unis, c’est la première puissance de la planète. Ce qu’il se passe aux EU, aura des conséquences pour tout le monde dans les années à venir. Prenons les accords de Paris sur le climat, typiquement.

Deuxièmement, on parle de Trump qui est un président hors normes, qui a bousculé les codes pendant quatre ans. C’est une personnalité tellement particulière qu’on ne peut que s’intéresser à ce qu’il se passe dans ce pays.

Troisièmement, cela peut paraître plus superficiel, mais ça explique aussi cette hypermédiatisation, ce suspens, quoi qu’on en dise, est fascinant quant aux résultats du système électoral américain très particulier. Mais je tiens à préciser qu’on ne fait pas que ça non plus. Par exemple, si je prends les reporters de la rédaction internationale de Radio France, on avait un envoyé spécial pour les élections en Côte d’Ivoire le week-end dernier, on y était. On souhaitait également être en Algérie pour le référendum constitutionnel, c’est juste que les autorités algériennes nous ont refusé le visa et qu’on n’a pas pu y aller.

On poursuit avec des remarques d’internautes et d’auditeurs qui estiment qu’on a trop entendu de commentaires pro Biden lors des journées spéciales : "La soirée élection US est une succursale du parti démocrate, nous écrit une auditrice. Vos invités sont pro Biden, on voudrait plus d’équilibre de la part du service public", nous interpelle un internaute.

Emmanuelle Daviet : Cette critique sur un déséquilibre éditorial entre démocrates et républicains vous parait-elle justifiée ?

Jean-Marc Four : Il y a deux choses distinctes dans la couverture éditoriale : vous avez les reportages d’un côté, vous avez les invités de l’autre. Pour ce qui est des reportages faits aux États-Unis, je pense vraiment que nous avons une couverture très équilibrée avec beaucoup de reportages des deux côtés, avec beaucoup de reportages aussi du côté des militants républicains et des Trumpistes, en Floride, dans le Michigan, dans le Texas, dans le Nevada, en Pennsylvanie, partout. On les a entendus au moins autant que les militants démocrates. Je pense vraiment que c’est très équilibré.

Du côté des invités, et particulièrement des invités faits en France, il y un écueil, il y a peu de voix favorables à Trump, ailleurs dans le monde, c’est un fait. L’image des États-Unis est très dégradée à l’étranger. Et donc mécaniquement, vous trouvez plus de voix qui parlent en faveur d’une alternance pour les démocrates que de voix en faveur de Trump quand vous cherchez des invités à l’étranger.

Cela étant, lors de cette nuit américaine, j’y étais, j’ai entendu longuement le représentant des républicains en France, s’exprimer sur notre antenne commune france Inter, franceinfo.

Emmanuelle Daviet : On termine avec une observation fréquente faite par les auditeurs : l’emploi du mot américain

Voici quelques messages : "Vos journalistes n’ont que l’adjectif 'américain' à la bouche : élections 'américaines', président 'américain', 'minorités américaines' . Rappelons que l’Amérique est un continent composé de plusieurs états qui ne sont pas forcément concernés par ces élections.
Pourquoi appeler systématiquement 'Américains' les habitants des États-Unis d’Amérique au lieu de dire étasuniens ? Vous viendrait-il à l’idée d’appeler 'européens' les habitants de l’Allemagne ? 

Cette remarque vous semble-t-elle fondée ?

Oui, c’est une remarque assez fondée. Il y a une facilité de langage à utiliser le mot "américain" parce qu’il est très compréhensible du grand public. Et que c’est lié au fait que ce sont non pas les États-Unis mais les États-Unis d’Amérique, littéralement on devrait dire les États-Unis d’Américains ou les Étasuniens d’Américains. C’est vrai qu’il y a plein de pays en Amérique à commencer par nos cousins canadiens, qui ne supportent pas qu’on appelle le président des États-Unis, le président américain. C’est une critique recevable et il faut l’entendre.

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