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Le rendez-vous de la médiatrice. Procès des jihadistes français en Irak

Les condamnations à mort des jihadistes français jugés en Irak : analyse avec Delphine Gotchaux, journaliste au service police-justice de franceinfo, au micro d'Emmanuelle Daviet, médiatrice des antennes de Radio France.

Article rédigé par franceinfo, Emmanuelle Daviet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Le tribunal où sont jugés des jihadistes français à Bagdad (Irak), le 29 mai 219. (SABAH ARAR / AFP)

Des auditeurs ont écrit à la médiatrice des antennes de Radio France. Ils  reprochent un manque d’équilibre dans le traitement du dossier des djihadistes français condamnés à mort en Irak. Réponses et analyse avec Delphine Gotchaux, journaliste au service police-justice de franceinfo.

Jean, un auditeur écrit : franceinfo fait passer en direct Marie Dosé, avocate, qui défend le retour en France des jihadistes d'Irak. Il aurait été intéressant de donner aussi la parole à quelqu'un défendant la thèse contraire à celle de cette avocate. Mais quand franceinfo veut faire passer un message, cette possibilité est facilement oubliée."

Toujours au sujet des jihadistes français condamnées en Irak, René un autre auditeur estime, je cite, que "la couverture, le traitement de l’affaire est un peu trop en faveur des jihadistes".

Delphine Gotchaux : Nous traitons l'actualité sans parti pris, sans éditorialiser. Effectivement nous avons beaucoup parlé de ces procès de jihadistes français en Irak, pour une raison évidente, c'est la première fois depuis la chute de l'Etat islamique que des ressortissants français sont condamnés à mort. (11 en moins de 15 jours).

Au-delà de ce que chacun peut penser, cela soulève de nombreuses questions

Delphine Gotchaux

franceinfo

Non seulement sur la justice irakienne, qui juge ces hommes en quelques minutes seulement, sans véritable droit de la défense, mais aussi sur les valeurs que défend la France depuis l'abolition de la peine de mort en 1981. Le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a redit à l'Assemblée nationale la semaine dernière, l'opposition de la France à la peine de mort, tout en assurant que ces procès étaient équitables.

Mais il faut sans doute écouter la parole des familles des victimes du terrorisme en France, qui réclament le respect des droits fondamentaux pour ces jihadistes, quelque soit la nature des actes commis. Il s'agit donc d'un débat de société et, sur franceinfo nous avons aussi fait entendre les voix, notamment des hommes politiques qui ne souhaitent pas le retour de ces Français sur le territoire national.

Vous avez évoqué ces procès, quelle est la difficulté pour les couvrir ?

Delphine Gotchaux : Ces procès se déroulent en quelques minutes seulement. Il faut déjà obtenir un visa. L'an dernier, j'ai pu m'y rendre pour suivre le procès de Mélina Boughedir, Française jihadiste jugée en Irak, condamnée à une peine de 20 ans de prison.

En France, nous ne sommes pas habitués à ce type de procès, ce dernier a duré environ 40 minutes. En quelques mois seulement, ces dossiers sont instruits. Il y a également la question de la défense, ce sont des avocats commis d'office qui n'ont pas le droit d'aller voir leurs clients en prison, qui découvrent le dossier à l'audience.

Chaque procès est une sorte de chambre d'enregistrement de l'acte d'accusation. Le juge ne se retire pas pour délibérer, il fait sortir le prisonnier, et après cinq minutes, le condamne à mort.

Entre l'acte d'accusation et l'acte d'exécution, il s'écoule combien de temps ?

Pour le moment l'Irak n'a pas mis à exécution ses condamnations à mort de jihadistes étrangers en Irak.

Dans ce contexte, comment donnez-vous la parole aux familles de victimes ?

Ce sont souvent ces familles qui nous sollicitent par voie de communiqués de presse. L'association française des victimes de terrorisme, notamment a été très claire sur le sujet : il faut que les droits fondamentaux soient respectés même pour ces jihadistes français.

Ces associations disent leur espoir que ces terroristes puissent être jugés un jour en France. Pour certains d'entres-eux, ils détiennent des pièces du puzzle qui pourraient expliquer comment des Français sont partis combattre en zone irako-syrienne, et ont aussi planifié des attentats sur le territoire national.

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