Cet article date de plus de six ans.

Le rendez-vous du médiateur. Vaccins : les lobbys et les peurs

Depuis la rentrée, un des sujets sur lequel le médiateur est beaucoup interpellé concerne le domaine médical, et notamment les vaccinations.

Article rédigé par franceinfo, Bruno Denaes
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Quatre Français sur dix doutent de la sécurité des vaccins, selon une étude publiée vendredi 9 septembre 2016. (VOISIN / PHANIE / AFP)

C’est incroyable comme ce sujet des vaccins peut susciter des réactions passionnées, souvent chargées de contre-vérités et de peurs irrationnelles. Cela rappelle un peu - dans un autre domaine - l’épisode l’année dernière, des compteurs Linky et le déferlement de peurs liées à de fausses informations propagées sur les réseaux sociaux.
Pour répondre aux auditeurs, Bruno Rougier, 
journaliste et spécialiste Santé-Sciences de franceinfo. 

"Les grands médias, dont franceinfo, soutiennent la politique vaccinale du gouvernement et appuient le lobby des grands groupes pharmaceutiques qui veulent simplement grossir leurs bénéfices", selon cet auditeur, Vincent. 

Que peut-on répondre à de telles critiques ? 

Bruno Rougier : "D'abord, je l'avoue simplement : je soutiens la politique vaccinale du gouvernement car les vaccins sauvent des vies. Si l'on regarde ce qui se passe en France : avant l'obligation vaccinale, la diphtérie tuait chaque année 3 000 personnes, la polio 200...

La situation a totalement changé : on ne déplore aucun décès de la diphtérie dans notre pays depuis 1982, et pour la polio, le dernier décès, qui remonte à 1995, était un cas importé de l'étranger... Alors oui, la vaccination sauve des vies. Il est anormal que l'on meurt encore de la  rougeole, et pourtant une jeune fille de 16 ans est décédée de cette maladie l'été dernier à Marseille, elle n'était pas vaccinée...."

Revient très souvent dans les messages cette incarnation du monstre moderne que sont, pour beaucoup d’auditeurs, les laboratoires pharmaceutiques. Avec cette question quelque peu provocante d’Odile : 

"Seriez-vous sponsorisés par les lobbys pharmaceutiques ?"

B.R : "La réponse est non : je ne suis pas invité par les laboratoires dans des îles paradisiaques, pas invité non plus dans des restaurants étoilés. Je reçois, comme tous mes confrères, spécialistes santé, des invitations à des conférences de presse. Et je décide en mon âme et conscience de m'y rendre ou non. Il m'arrive même d'assister à des conférences de presse et de décider que ça ne mérite pas un sujet à l'antenne. Je suis donc totalement libre...
... Et si je flaire un possible conflit d'intérêt, je regarde dans la base de données publique "transparence santé" dans laquelle tout professionnel de santé est obligé de déclarer les relations qu'il a avec un industriel et les rémunérations qu'il touche d'un laboratoire"

Et cette crainte de l’aluminium contenu dans les vaccins ?

"D'abord une précision : cet aluminium est mis dans les vaccins pour augmenter la réponse immunitaire. En clair, les vaccins seraient moins efficaces sans adjuvant. L'aluminium est utilisé dans les vaccins depuis presque un siècle, des centaines de millions de doses ont été injectées sans révéler de problèmes majeurs. Mais c'est vrai que cette présence d'aluminium peut avoir des effets chez certaines personnes qui sont génétiquement prédisposées : de la fatigue, des douleurs, des troubles cognitifs. Des études sur des souris montrent des effets neurologiques, il faut donc poursuivre ces travaux...Et mener aussi des recherches pour trouver de nouveaux adjuvants..."

La vaccination des bébés

"Je rassure Jérôme, on ne va pas vacciner les bébés d'un coup avec les 11 vaccins. Ces 11 vaccins représentent 10 injections qui seront étalées sur deux ans...Alors, bien sûr, on peut ne pas faire vacciner son enfant, mais je rappellerai juste qu'aujourd'hui, pour bloquer une maladie infectieuse, il faut une couverture vaccinale de 90 à 95 % de la population.... Si on est au-dessous, les épidémies continuent à circuler et à tuer.... Alors bien sûr, on peut compter sur les autres, mais c'est prendre le risque de voir ressurgir certaines maladies, comme c'est le cas en ce moment, avec le retour de la rougeole faute d'une vaccination suffisante"

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.