Le traitement sur franceinfo de la relaxe d’Éric Dupond-Moretti par la Cour de justice de la République

La médiatrice des antennes de Radio France, Emmanuelle Daviet, reçoit Florent Guyotat, directeur adjoint de la rédaction de franceinfo sur le traitement éditorial concernant la relaxe d'Éric Dupond-Moretti.
Article rédigé par Emmanuelle Daviet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
Eric Dupond-Moretti relaxé par la Cour de justice de la République. Ici lors de sa sortie du palais de Justice le 29 novembre 2023. (LUC NOBOUT / IP3 / MAXPPP)

Cette semaine, nous évoquons le traitement sur franceinfo de la relaxe d’Éric Dupond-Moretti, le ministre de la Justice. Il était jugé par la Cour de justice de la République, pour "prises illégales d’intérêts". Il a donc été relaxé, et un certain nombre de critiques émergent sur les réseaux sociaux.

Emmanuelle Daviet : Il vous est reproché d’avoir, je cite, "diffusé en boucle des opposants au ministre, qui déploraient sa relaxe sans respecter donc le pluralisme". Que répondez-vous à ces critiques ?

Florent Guyotat : Alors, avant de vous répondre, un élément de contexte d’abord : ce mercredi, au moment où cette décision concernant Éric Dupond-Moretti est susceptible de tomber, vers 15h, nous passons en édition spéciale, parce que c’est un événement important. Il s’agit de savoir si un ministre en exercice, en l’occurrence le ministre de la Justice, va être ou non condamné.

La décision, elle est connue un peu avant 15h15 et juste après, la première réaction que nous diffusons à l’antenne, c’est celle de Jacqueline Laffont, l’avocate d’Eric Dupond-Moretti, qui se réjouit, je cite, "que l’innocence de son client soit reconnue".

Donc, je le répète, la première réaction, c’est celle de la défense d’Eric Dupond-Moretti. On écoute d’ailleurs, à ce moment-là, cette réaction en intégralité qui dure environ 2 minutes 30. Ensuite, évidemment, il y a d’autres réactions.

Nous donnons la parole aux avocats de l’association Anticor, et du Syndicat de la magistrature, qui eux aussi s’expriment à la sortie de la salle d’audience, comme l’avocate d’Éric Dupond-Moretti. Nous entendons aussi, et c’est normal, c’est important dans l’optique du pluralisme, les réactions des deux principaux partis d’opposition. Nous avons deux invités en direct à l’antenne, Manon Aubry, députée européenne LFI et Laurent Giacometti, porte-parole du Rassemblement National.

Vous allez me dire, on entend beaucoup d’opposants, mais là aussi, je vous réponds que le pluralisme est strictement respecté, puisque jusqu’à 17h, l’antenne n’est pas finie. Et nous entendons encore plusieurs responsables de Renaissance, deux exactement, Benjamin Haddad et Antoine Armand également. Tout cela donc, entre approximativement 15h15 et 17h. Il me semble que le pluralisme dans cette affaire est respecté.

Mais Florent Guyotat, au sujet des autres invités qui ont suivi cette séquence de mercredi, après 12h, on vous reproche aussi d’avoir manqué de pluralisme ?

Alors là encore, je vais vous répondre. Dans le 17/20, mercredi, il y a l’invité politique de Jean-François Achilli, et cet invité politique est Ugo Bernalicis, député LFI du Nord, membre de la commission des lois, qui a l’occasion une nouvelle fois de critiquer Eric Dupond-Moretti, et de dire le mal qu’il pense de la Cour de justice de la République.

Ugo Bernalicis : "Je ne suis pas d’accord. Moi je suis pour qu’on mette un jury populaire pour juger les ministres, et même tous les politiques dans le cadre de ce qu’ils ont fait, dans le cadre de leurs fonctions. C’est quoi un comité de salut public ? Non, mais qu’est-ce qui se passe aux Assises ? Ça existe déjà, mais il y a des problèmes."

Florent Guyotat : Voilà, le député Ugo Bernalicis interrogé sur 8 minutes environ, mercredi soir dans le 18/20 de Jean-François Achilli. Mais là encore, je vous réponds que nous respectons le pluralisme, puisque, 24h après, quasiment à la même heure, à 18h32, nous avons reçu en longueur sur la même durée, sur huit minutes environ. Jacqueline Laffont, l’avocate d’Éric Dupond-Moretti, qui, là encore, s’est réjoui que son client soit reconnu innocent.

Jacqueline Laffont : "La victoire, elle est au présent par une décision de justice qui a été rendue après trois années d’instruction, 15 journées de débats, 15 jours de délibéré. Et j’ai la décision sous les yeux, au cas où certains en douteraient encore, cette décision est bien motivée, conforme à notre droit."


Emmanuelle Daviet : Plus généralement, Florent Guyotat, ces décisions de justice apparaissent parfois complexes. Quel effort de pédagogie faites-vous ?

Florent Guyotat : Alors c’est vrai que je vous ai beaucoup parlé jusqu’à présent des réactions politiques et des réactions également du Syndicat de la magistrature ou de l’association Anticor. Ça, ce sont des réactions. Mais nous nous efforçons de relater les faits, d’expliquer d’abord cette décision de justice. Et c’est pour cela que dans notre édition spéciale mercredi, nous avons mobilisé tous nos spécialistes de cette affaire, nos spécialistes police, justice.

Il y avait Mathilde Lemaire et Pierre de Cossette, qui se trouvaient dans la salle d’audience et devant la salle d’audience. Et puis en studio, nous avions Adrien Bègue du service politique. Nous avions également David Di Giacomo, le chef du service police Justice, pour expliquer les motivations de cette décision.

Et puis on a beaucoup parlé cette semaine de la Cour de justice de la République. C’est vrai que son fonctionnement est critiqué parfois, qu’il peut aussi être mal compris. Et nous avons fait appel à notre Cellule "Vrai ou faux" avec Thomas Pontillon, pour, là encore, expliquer par qui est composée la Cour de justice de la République, et la manière dont elle fonctionne exactement. Après, c’est à chacun de se faire une opinion.

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