La succession de Lénine
Staline, est un “homme d'acier” qui a fait ses études au séminaire orthodoxe de Tiflis jusqu’à l'âge de 20 ans. Mais, Trotski, le fondateur de l’armée rouge, est de loin plus populaire.
Staline, déjà secrétaire générale du parti bolchevique, ordonne de préparer des obsèques grandioses, dignes de l'Empire romain, desquelles Trotski sera absent. Il aurait pu être là si le télégramme de Staline ne l'avait pas sournoisement trompé, à un jour près, sur la date des funérailles. Quand le fondateur de l’armée rouge reçoit à Tiflis l'annonce de la mort de Lénine, il s'informe aussitôt par télégramme de la date de la cérémonie. Staline lui répond qu'elle aura lieu le samedi et qu'il ne pourra donc revenir à temps et, que vu son état de santé, il ne doit pas changer ses projets et se rendre à son lieu de cure. Trotski resta donc à la chasse dans le Sud de la Russie. En réalité, les obsèques étaient fixées au dimanche.
Le 26 janvier 1924, au XIe congrès des Soviets, treize orateurs rendent hommage au défunt. Staline parle le quatrième et son discours donne le ton. Il psalmodie un texte étrangement proche de la litanie utilisant les paroles et les rythmes propres à la liturgie orthodoxe. D’une voix faible, il s’exprime lentement car il sait évaluer les effets scéniques. Chaque mot, chaque geste laisse planer des doutes sur le sens secret de son discours qui revêt alors une signification tout à fait singulière, un sens caché, mystérieux, sinon magique.
Staline a mis au point le système des symboles de sa religion païenne. Le mausolée de Lénine sur la place Rouge, sa divinisation, le Parti, appelé "l'ordre des chevaliers porteurs d'épée", une inquisition représentée par la police secrète, furent la concrétisation de sa réflexion. Ainsi se plaça-t-il lui-même au centre de l'iconostase politique, façonnant habilement la symbolique du dieu mort (Lénine), lui-même devenant le nouveau dieu vivant.
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