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Le sens des mots. Masque, autrefois enfantin et désormais très sérieux

Tout l'été sur franceinfo, Marina Cabiten et la sémiologue Mariette Darrigrand s’arrêtent sur les termes qui ont marqué l’actualité de l’année écoulée. Aujourd'hui, le mot masque.

Article rédigé par franceinfo, Marina Cabiten
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Des passantes portent un masque dans les rues d'Argelès-sur-Mer (Pyrénées-Orientales), le 22 juillet 2020, selon l'obligation en vigueur depuis la veille. (RAYMOND ROIG / AFP)

Masque, l'objet est devenu central, capital et polémique pendant la crise sanitaire du coronavirus. Et cela a totalement fait basculer la connotation du mot dans nos esprits.

franceinfo : Mariette Darrigrand, vous êtes sémiologue spécialisée dans l'analyse du discours médiatique et dirigeante du cabinet Des faits et des signes. Un masque, ce mot vous aurait sûrement rappelé, au début de l’année, un objet de déguisement enfantin, ou un soin de beauté. Mais cette insouciance semble très loin...

Mariette Darrigrand : En fait le mot est très noir au départ. Il dit cette couleur. "Maschera" désigne en vieil italien le tissu noir qui cache le visage d’un bandit, d’un brigand, pour qu’il reste anonyme. Pensons aux masques des Anonymous. Maschera donnera le mascara, non loin des masques de beauté dont vous parliez à l’instant Marina. Ce qui est très résonnant avec l’actualité récente, c’est que ce masque noir a probablement été créé comme mot par le poète toscan Boccace au 14e siècle : en 1348, l’année de la grande peste de Florence.

Donc déjà lors d’un confinement !

Oui, puisque c’est ce que raconte le Décaméron de Boccace, comment un groupe de jeunes filles et garçons se racontent tous les jours des histoires très gaies, d’amour et d’aventure, pour se distraire et oublier le contexte extérieur très noir.

Aujourd’hui pour se distraire durant notre confinement, certains se sont mis à personnaliser leurs masques : tissus colorés, logo de son équipe de foot, entre autres.

Et ils ont ainsi rendu à cet objet un grain de fantaisie en le personnalisant. Les masques retrouvent ainsi un sens très fondamental qu’ils avaient dans le théâtre antique. Le masque s’appelait "persona", qui donnera bien sûr le mot "personne". Cette personnalisation montre aussi que, comme d’autres objets, les jeans des années 60 ou les baskets des années 90, le masque est sans aucun doute en passe de devenir un marqueur de son époque.

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