Le vrai ou faux junior répond aux questions sur le droit des femmes en Afghanistan
Depuis août 2021, après le retrait des troupes américaines, les talibans sont de retour au pouvoir en Afghanistan. Avant cela, ce groupe religieux extrémiste, créé dans les années 1990, avait occupé le pouvoir de 1996 à 2001. Ils sont considérés aujourd'hui comme l'un des groupes religieux qui oppresse le plus les femmes au monde. Ainsi, depuis leur retour, les talibans ont gravement porté atteinte aux droits fondamentaux des femmes afghanes.
Les élèves des collèges Jules Ferry, à Sainte-Genneviève-des-Bois dans l'Essonne, et Emile Combes, à Bordeaux, ont des questions sur les droits fondamentaux des femmes afghanes. Pour leur répondre, nous avons contacté Halima Karimi, journaliste afghane qui est réfugiée politique en France depuis 2022, et Melissa Cornet, chercheuse qui est allée en Afghanistan cette année avec la photographe Kiana Hayeri, pendant six mois, pour documenter les vies des femmes afghanes sous le régime taliban. Elle travaille depuis 7 ans sur les droits des femmes en Afghanistan.
Les femmes afghanes ne peuvent pas sortir seule et sans autorisation d'un homme
Elisa se demande à "quels défis les femmes afghanes sont-elles confrontées".
Melissa Cornet explique que "la vision de la société des talibans, c'est une vision où les femmes sont invisibilisées, c’est-à-dire qu'elles ne peuvent pas ni aller à l'école, ni aller à l'université, ni travailler dans la plupart des secteurs." Elle ajoute que "ça veut aussi dire qu'elles ne peuvent pas quitter leur maison toute seule et qu'elles doivent se couvrir le visage, les cheveux et le corps."
Halima Karimi, qui a vécu l'oppression des talibans avant d'être réfugiée politique en France, confirme que les femmes afghanes ne peuvent pas vivre librement en Afghanistan. Elle précise que "si les femmes veulent sortir de la maison, elles doivent avoir la permission de leur mari, de leur frère ou leur père."
Tendance suicidaire, mariage à 13 ans : les conséquences de la politique des talibans sur les femmes
Ethan se demande comment "les restrictions imposées aux femmes en Afghanistan affectent leur accès à l'éducation, au travail et aux droits fondamentaux."
"Les conséquences sur les Afghanes sont énormes" raconte Melissa Cornet, "parce qu'elles voient leur frère continuer à quitter la maison et elles ne peuvent pas." La spécialiste du droit des femmes afghanes précise que "leur santé mentale s'est détériorée, il y a une explosion du nombre de cas de tendances suicidaires, et aussi une explosion du nombre de mariages de jeunes filles de treize, quatorze, quinze ans qui sont mariées par leurs parents". Elles le sont parce que justement, elles ne font rien, ne peuvent ni aller à l'école ni travailler, donc la seule autre option qui s'offre à elles et à leurs parents, c'est de les marier.
Halima Karimi nous raconte l'histoire d'une de ses amis qui était médecin, mais avec le retour au pouvoir des talibans en 2021, "elle ne pouvait pas travailler, car l'hôpital lui a dit "que c'était mieux de rester chez elle, les talibans ont donné l'ordre que les femmes ne travaillent pas."
Arrestations, violences, rejet de sa famille : les risquent pour les femmes qui ne respectent pas les règles
Anna se demande "comment les petites filles afghanes font-elles pour sortir de leur maison si elles n'ont pas de frères dans leur famille".
C'est vrai que les femmes afghanes ont besoin de l'autorisation ou la présence d'un homme pour sortir de chez elle et Melissa Cornet explique pour une veuve qui n'a pas d'homme à la maison par exemple, il faut souvent "se reposer sur la bienveillance des voisins, qui acceptent d'aller au marché, leur acheter à manger ou autre, mais leur vie est très compliquée aujourd'hui en raison de la sévérité des règles des talibans." D'autres femmes, raconte Melissa Cornet, "réussissent ou essaient de sortir sans se faire attraper par les talibans, mais les risques sont très importants."
Les femmes qui désobéissent, risquent "d'être arrêtées et détenues" explique Melissa Cornet, "et on sait que quand elles sont en détention, il y a beaucoup de cas de violence, voire pire." Melissa Cornet précise qu'il arrive aussi "que lorsqu'une femme a été arrêtée par les talibans, sa famille puisse la rejeter, donc il y a vraiment une double conséquence."
La difficulté de prendre en photo des femmes afghanes
Mellie se demande "comment les journalistes font pour prendre des photos de femme afghanes"
Melissa Cornet explique que "les Talibans ont mis en place une nouvelle règle qui fait qu'on n'a pas le droit de montrer des êtres vivants, que ce soit humain ou animal, en photo ou en vidéo." Donc c'est très compliqué aujourd'hui de prendre des photos de femmes afghanes. Melissa Cornet a travaillé avec la photographe Kiana Hayeri, elles ont rencontré plus d'une centaine de femmes cette année et elles ont pris des photos. Melissa Cornet explique que "toutes les photos prises, c'était à l'intérieur de leur maison, c’est-à-dire en sécurité et de manière discrète, mais sur la plupart des photos les femmes se couvraient le visage pour ne pas être identifiables et donc pour ne pas prendre de risques d'être reconnus, d'être arrêtés."
Le travail difficile des ONG et discret de la communauté internationale
Camilia se demande s'il y a "des aides fournies aux femmes en Afghanistan".
Halima Karimi explique que c'est difficile sur place pour les associations et ONG. Mais il y en a quelques-unes : Afghanistan Libre qui milite pour l'accès à l'éducation et à la santé des femmes et des enfants, l'association Negar soutien aux femmes d'Afghanistan ou encore Amitiés Mères Afghanes qui soutient les femmes et les enfants afghans à travers un programme médical mobile et un soutien à l'éducation.
Concernant le travail de la communauté internationale, "c'est plus compliqué" explique Melissa Cornet, "il y a peu qui peut être fait, parce que les États essaient d'influencer les talibans en leur mettant la pression, en mettant des sanctions." Et est-ce que ça fonctionne ? "Non, répond Melissa Cornet, cela fait plus de trois ans que les talibans sont au pouvoir et il n'y a pas eu d'avancées dans le domaine des droits des femmes."
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