Bronchiolite : on a vérifié trois affirmations sur le Beyfortus et l'infection respiratoire qui touche les bébés
C'est une brochure aux airs très officiels, avec logos et graphisme léché, qui est beaucoup partagée sur les réseaux sociaux, alors que la campagne d'immunisation contre la bronchiolite a commencé à la mi-septembre. Son titre : "Rappels importants sur la bronchiolite et sur le Beyfortus. Le Beyfortus est facultatif et potentiellement dangereux". Ce document n'a rien d'officiel, en réalité. Il a été créé par le collectif Parents et Citoyens France, un collectif plutôt opposé aux vaccins fondé après la pandémie de Covid-19, notamment pour demander la levée des obligations vaccinales des enfants, et qui s'élève contre le Beyfortus, le traitement préventif donné aux bébés pour diminuer les risques de faire des formes graves de bronchiolite.
1 Le Beryfortus est-il "dangereux" ?
La brochure affirme que le traitement préventif contre la bronchiolite, qui est injecté par piqûre, mais n'est pas un vaccin ,est "dangereux". Pourtant, il n'en est rien. Plusieurs études démontrent précisément le contraire. La dernière est parue le 30 septembre. L'Agence nationale de la sécurité du médicament (ANSM) a fait le bilan de la première campagne d'immunisation au Beyfortus, à l'hiver 2023-2024, qui a concerné 240 000 enfants. L'ANSM n'a identité "aucun facteur de risque particulier" lié au traitement.
Dans sa brochure, le collectif anti-vax affirme aussi que la mortalité due au traitement Beyfortus est plus importante que la mortalité due à la bronchiolite, ce qui est également faux. Aucune mortalité due au traitement n'a été établie, alors que la mortalité liée à la bronchiolite est de 2,6 sur 100 000 bébés. Le collectif tire cette conclusion de l'étude dite Mélody, publiée en mars 2022, dans le cadre d'un essai clinique pour éprouver l'efficacité et la sécurité du nirsevimab, l'agent d'immunisation qui compose le Beyfortus. Cette étude faisait état de trois décès parmi le millier de bébé qui avait reçu le traitement, mais aucun lien n'avait été établi avec le traitement, comme le rapporte l'AFP Factuel.
De la même façon, l'hiver dernier, l'ANSM a recensé le décès de trois bébés sur les 240 000 qui avaient reçu le traitement mais, encore une fois, aucun lien de causalité avec le Beyfortus n'a été établi.
2 Le Beyfortus est-il inefficace ?
La brochure de Parents et Citoyens France assure que le Beyfortus "ne réduit pas le nombre d'hospitalisations", alors que c'est faux. Au moins deux études publiées pendant l'été par Santé publique France ont démontré que le traitement préventif était efficace contre les formes graves de la bronchiolite.
Selon la première étude, le Beyfortus réduit de 75% les risques de passage en soins intensifs pour les bébés atteints de cette infection respiratoire aigüe. Selon la deuxième étude, grâce au traitement préventif, entre 3 700 et 7 800 bébés ont échappé à l'hospitalisation à cause d'une aggravation de la bronchiolite.
3 La bronchiolite n'est-elle pas un "problème de santé publique" ?
Le collectif affirme encore que "la bronchiolite touche une minorité de nourrissons, depuis toujours, sans être un problème de santé publique (…) elle est globalement bénigne" et que, "malgré quelques rares passages aux urgences, la mortalité est à peine de 0,0026% ,selon Santé publique France".
L'estimation de la mortalité donnée par la brochure est bonne. Elle est de 0,0026% ou de 2,6 bébés sur 100 000. Néanmoins, il est faux de dire que la bronchiolite n'est pas un problème de santé publique. Quasiment un tiers des bébés de moins de deux ans sont atteints de la bronchiolite chaque hiver et 2% à 3% sont hospitalisés à cause d'une forme sévère. Avant l'arrivée du Beyfortus, Santé publique France avait compté 73 000 passages aux urgences à cause de la bronchiolite pendant l'hiver 2022-2023, ce qui avait surchargé les services.
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