Cet article date de plus de quatre ans.

Covid-19 : Bruno Retailleau et Yannick Jadot ont-ils raison de dire qu'il n'y a "pas un lit de plus" en réanimation depuis mars ?

Le patron des sénateurs LR et l'eurodéputé EELV accusent le gouvernement de ne pas avoir ouvert de lits de réanimation supplémentaires depuis la première vague de l'épidémie de Covid-19. Aucun lit pérenne supplémentaire n'a effectivement été ouvert, mais des lits éphémères sont prévus.

Article rédigé par franceinfo, Joanna Yakin
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Le service de réanimation de l'hôpital Jacques-Cartier, à Massy (Essonne), le 9 avril 2020. Photo d'illustration.  (YANN CASTANIER / HANS LUCAS / AFP)

Selon le patron des sénateurs LR Bruno Retailleau et l'eurodéputé EELV Yannick Jadot, il n'y a pas plus de lits de réanimation aujourd'hui en France qu'il ny en avait lors de la première vague de l'épidémie de coronavirus"Pourquoi est-ce que monsieur Véran, il y a quelques mois, dit 'à l'automne on aura 12 000 lits de réanimation' ? Combien est-ce qu'on en a aujourd'hui ? Pas un de plus que ce que l'on avait il y a quelques mois", a déclaré le patron des sénateurs LR, Bruno Retailleau, interrogé jeudi 1er octobre sur BFM.

La veille, l'eurodéputé écologiste Yannick Jadot, tenait le même propos sur RTL : "Qu'après l'affaire des masques (...) il n'y ait pas un seul lit de réanimation en plus par rapport à mars, on a dépassé le seuil d'incompétence de ce gouvernement." Si tous les deux parlent de lits pérennes, ils ont effectivement raison. Mais d'autres lits "d'urgence" sont bien promis par le ministère.

Pas de lits pérennes supplémentaires...

Le ministère de la Santé confirme qu'avant la crise la France comptait 5 000 lits de réanimation disponibles dans tout le pays et qu'elle en compte toujours autant à ce jour. Toutefois, au pic de l'épidémie, 7 027 lits étaient mobilisés, précise la Direction générale de l'offre de soins (DGOS). Ainsi, 17 000 patients ont pu être pris en charge en réanimation de mars à mi-juin, lors de la première vague de l'épidémie de Covid-19. Le ministère de la Santé n'a pas fait le choix d'augmenter le nombre de lits de réanimation disponibles à l'année dans les hôpitaux car "en temps normal, vous n'avez pas besoin d'autant de lits", justifie le cabinet du ministre Olivier Véran. En revanche, le ministre de la Santé a bel et bien promis des lits supplémentaires disponibles "si la situation le nécessite".

... Mais 12 000 lits "éphémères" mobilisables

Bruno Retailleau affirme qu'il n'y a pas de lits de réanimation supplémentaires alors que le ministre de la Santé en avait promis 12 000. Olivier Véran a bien promis, fin août, 12 000 lits de réanimation mais seulement "si la situation le nécessite". Le ministre n'a jamais promis d'ouvrir de nouveaux lits pérennes. Les 12 000 lits promis correspondent à des lits qui ne sont pas en place mais peuvent être débloqués en fonction de l'évolution de la situation. Ce sont les agences régionales de santé qui ont travaillé avec les hôpitaux publics et privés pour estimer le nombre de lits qui pourraient être réquisitionnés pour faire face à une nouvelle flambée du virus. Toutefois, pour débloquer autant de lits, le ministère confirme qu'il faudrait notamment en passer par des déprogrammations d'opérations et qu'il s'agit donc là d'une "situation d'urgence face à l'épidémie"

Certains syndicats de santé doutent pourtant de la possibilité de débloquer réellement ces 12 000 lits. Du personnel formé est nécessaire pour s'occuper des lits de réanimation, "on risque de manquer de bras", confie le syndicat SUD Santé. Si de son côté le ministère de la Santé affirme que des mesures ont bien été prises avec "plus de moyens RH", des syndicats affirment eux qu'il n'y a pas le personnel nécessaire, notamment car de nombreux soignants sont sortis éreintés de la première vague et risquent de ne pas vouloir s'engager à nouveau dans une bataille contre le virus.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.