David Cameron et les impôts : le "contrôle fiscal" franco-britannique
L'information est arrivée dans la nuit de lundi à mardi dernier en provenance de Los Cabos où se tenait le G20. En marge du sommet, le conservateur David Cameron déclare : "Quand la France instituera un taux de 75% pour la tranche supérieure de l'impôt sur le revenu nous déroulerons le tapis rouge, et nous accueillerons plus d'entreprises françaises, qui paieront leurs impôts au Royaume-Uni [...] cela paiera nos services publics et nos écoles".
Derrière cette déclaration, il y a une réalité fiscale et budgétaire qui mérite d'être détaillée.
Impôt sur le revenu
Grande-Bretagne et France sont comparables sur cet impôt. En dehors du projet socialiste de taxer à 75% la part des revenus supérieurs à un million d'euros par an, le taux sur la tranche supérieure est actuellement en France de 41%, contre 50% en Grande-Bretagne.
Reste que ce plafond va être abaissé à 45% de l'autre coté de la Manche dés l'an prochain et que les contribuables fortunés peuvent déduire beaucoup d'argent quand ils investissent dans des petites entreprises ou start-up notamment.
Impôt sur les sociétés
Il est nettement plus bas en Grande-Bretagne qu'en France. 28% de taux normal avec un taux réduit de 20% pour les petites entreprises. En France, l'impôt sur les sociétés est de 33,33%. De plus en Grande-Bretagne, les charges patronales ne se montent qu'à 20% environ contre 50% en France.
TVA
Le taux de TVA est de 20% en Grande-Bretagne contre 19,6% en France
Résumé fiscal
S'il l'on résume la situation en quantifiant la pression fiscale par rapport à la richesse nationale produite annuellement, il ressort que les prélèvements obligatoires (impôts + cotisations) représentent environ 40% du PIB en Grande-Bretagne, contre 45% en France.
Conséquences sur le budget
Moins de rentrées fiscales, c'est moins d'argent dans les caisses de l'Etat. Le déficit budgétaire britannique a explosé en début d'année pour atteindre 10,3% du PIB, c'est à dire deux fois plus qu'en France (5,2% du PIB pour 2011).
La dette publique est comparable à celle de la France : 84% du PIB contre 85% en France.
Economies drastiques
Avec des impôts en baisse (et donc moins de rentrées fiscales), David Cameron doit faire de grosses économies. Il a lancé il y a un an et demi un plan d'austérité d'une ampleur jamais connue. L'équivalent de 95 milliards d'euros d'économies. 500.000 postes de fonctionnaires seront supprimés sur cinq ans sur un total de six millions, des coupes dans les aides aux plus pauvres, universités complètement payantes, coupes dans les budget d'investissement des hôpitaux.
L'exemple du ticket de métro londonien
Le prix des titres de transports dans le métro de Londres illustre la différence avec l'approche française sur les services publics.
A Paris, par exemple, le ticket de métro à l'unité ou le pass Navigo sont subventionnés et les usagers paient beaucoup moins cher leurs trajets grâce à cette intervention publique.
A Londres, il n'existe pas de subvention importante comme à Paris. La conséquence est frappante. Le ticket à l'unité pour Londres en zone 1 et 2 payé cash coûte 4,30£ (5,30€) contre 1,70€ à Paris. La carte mensuelle 2 zones à Londres coûte 112,30£ (139€), contre 62,90€ pour un pass Navigo mensuel 2 zones à Paris.
Conclusion
Le plan d'austérité de David Cameron est considéré par beaucoup d'économistes comme trop dur et il a pour l'instant des conséquences néfastes. Le taux de chômage a touché son plus haut niveau en 17 ans en 2012 : 8,2% de la population active, contre 10% en France.
L'inflation s'est très récemment calmée à 2,8% après avoir navigué dans la zone des 4-5% pendant des mois.
Au delà du débat sur le type de modèle économique et social (redistributif en France et plus individualiste en Grande-Bretagne), l'examen froid des chiffres amène à cette sèche conclusion d'Arnaud Vaissié, le président de chambre de commerce franco-britannique :
"Les deux pays sont parfaitement médiocres sur le plan économique aujourd'hui".
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