Deepfakes ou hypertrucages : la fabrique du faux

La désinformation parasite les réseaux sociaux et parfois le débat public. En cette fin d'année, franceinfo décrypte les mots de la désinformation. Mardi 24 décembre : Deepfake.
Article rédigé par Angélique Bouin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Une comparaison entre une vidéo originale et une vidéo deepfake du PDG de Facebook, Mark Zuckerberg (THE WASHINGTON POST / THE WASHINGTON POST via Getty Images)

Les deepfakes que l’on peut traduire par “hypertrucages”, ce sont ces vidéos ou images qui avec l’aide de l’intelligence artificielle reproduisent le visage et ou la voix de n’importe qui pour lui faire dire, ou faire, n'importe quoi ! 

Le premier deepfake “grand public” date de 2018 : C’est une vidéo sur laquelle on voit l’ancien président Barak Obama insulter son successeur Donald Trump en le traitant de traitant de “sombre merde”.

Un autre exemple de deepfake qui a eu beaucoup de succès est la photo du pape François en doudoune, ou bien celle où on le voit en train de faire un tour de magie. Deux vidéos truquées sans doute dans le but de faire rire et de générer du trafic sur la toile, ce qui engendre des profits.

De fausses images plus vraies que natures parfois dangereuses

Ces vidéos peuvent avoir des conséquences dramatiques. On pense à la fausse intervention du président ukrainien Volodymyr Zelenksy annonçant la reddition de l’Ukraine peu après l’invasion de 2022. Pour éviter que l’armée de son pays ne baisse les armes, le vrai Zelensky avait dû le démentir illico sur les réseaux sociaux.

Les deepfakes servent aussi à nous escroquer. Sur Instagram on trouve, par exemple, de nombreuses fausses interviews de stars disant avoir trouvé le moyen de faire de l’argent facile.  Attention, il s’agit d’arnaques ! 

De fausses vidéos pornographiques de collégiens en Corée du Sud 

C’est sur des sites pornographiques que sont apparues les premières Deepfakes. Des vidéos d’ébats utilisant les visages et parfois les corps d’actrices connues.

Le phénomène s’est durablement installé et inquiète tout particulièrement en ce moment les autorités de Corée du Sud où la police a ouvert une enquête contre la messagerie Telegram.

En cause : l’utilisation par des collégiens de photos de leurs camarades de classe piquées sur leur page Instagram, photos qu'ils utilisent ensuite pour générer des deepfakes pornographiques qu’ils partagent ensuite sur des forums afin de les humilier. Le phénomène est présenté comme majeur.

 

Comment lutter contre les Deepfakes ?

Les lois qui protègent notre vie privée se heurtent bien souvent au fait qu’il est difficile, voire impossible de remonter jusqu’aux auteurs des deepfakes. Les autorités ciblent donc les plateformes qui les hébergent. En Europe la nouvelle réglementation qui vient d’entrer en vigueur vise à contraindre ces dernières à faire le ménage ou à identifier les contenus générés avec de l’Intelligence artificielle. Mais sera-t-elle vraiment dissuasive ? On ne sait pas encore. 

Chacun doit aussi faire preuve de prudence ?

Le meilleur moyen de lutter, c’est d'être prudent et de faire preuve de bon sens quand une vidéo ou une photo est douteuse. Mais ces trucages posent avec urgence “l’enjeu de l’éducation de tous, et en particulier des enfants aux médias et au questionnement des sources”, explique Olivier Lascar, rédacteur en chef du pôle numérique de Sciences et Avenir, auteur du livre Deepfake, l'IA au service du faux publié aux éditions Eyrolles. Sur Internet, le faux côtoie le vrai et l’on ne dispose pas encore de l’algorithme miracle pour les identifier, ajoute cet expert qui explique que c’est comme avec les virus et les antivirus : “dès qu’on trouve une parade, les petits génies de l’internet trouvent un moyen de la contourner”.

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