Environnement : la France compte-t-elle davantage de sols artificialisés que l'Allemagne et l'Espagne ?

Le gouvernement veut assouplir le dispositif "zéro artificialisation nette des sols", mais le député ex-LFI François Ruffin estime que la France est déjà suffisamment artificialisée.
Article rédigé par Armêl Balogog
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Un chantier de construction de maisons individuelles dans un nouveau quartier pavillonnaire en Vendée, le 2 juillet 2024. (MATHIEU THOMASSET / HANS LUCAS)

Le Premier ministre Michel Barnier a annoncé, mercredi 20 novembre, au Sénat que le gouvernement allait soutenir une proposition de loi visant à assouplir le dispositif "zéro artificialisation nette des sols", aussi appelé Zan, qui permet de limiter la bétonisation des espaces naturels. Michel Barnier estime que ce dispositif "enserre les maires dans un carcan" et que ceux-ci "ne peuvent plus être des maires bâtisseurs".

Mais le député de la somme, ex-France insoumise, François Ruffin, s'est dit opposé à cet assouplissement dans le 8h30 de franceinfo, jeudi 21 novembre. Selon lui, suffisamment de sols français sont déjà artificialisés. "En France, on est davantage consommateurs de terres artificialisées. On est à 47 hectares pour 100 000 habitants. En Allemagne, c'est 41. En Espagne, c'est 30", a-t-il déclaré. Vrai ou Faux ?

45 kilomètres carrés artificialisés pour 100 000 habitants

Le député s'est un peu emmêlé les pinceaux. Il parle d'hectares alors qu'il s'agit de kilomètres carrés. Ce n'est pas la même chose : un kilomètre carré, c'est 100 fois plus grand qu'un hectare. En revanche, le classement des pays et les ordres de grandeur qu'il évoque sont vrais. On les retrouve dans un rapport de France Stratégie publié en 2019. L'inconvénient est que les chiffres datent un peu, car ils se basent sur une étude sur les sols artificialisés relayée par l'Agence européenne de l'environnement datant de 2012.

Il est possible de trouver un taux d'artificialisation des sols plus récent sur le site d'Eurostat, le service de statistiques de la Commission européenne. Il date de 2018. En reproduisant le calcul de France Stratégie, qui permet de rapporter ce taux d'artificialisation à la population des différents pays cités, on constate que l'artificialisation des sols a un peu reculé en France en passant 47 en 2012 à 45 kilomètres carrés pour 100 000 habitants en 2018. En Allemagne, il a reculé encore plus vite en passant de 41 en 2012 à 32 en 2018. En Espagne, au contraire, la tendance est à l'augmentation, avec un passage de 30 à 38 en l'espace de six ans.

5,6% des sols artificialisés

Cependant, il faut prendre ces informations avec prudence car ces hausses et ces baisses sont un peu trompeuses. Le nombre de kilomètres carrés aménagés par 100 000 habitants est un nombre qui peut varier aussi bien en fonction de l'avancée de l'artificialisation et en fonction de l'évolution de la population dans les pays. Et en l'occurrence, les ralentissements observés en France et en Allemagne sont dus aux variations de population dans ces pays. Autrement dit, les populations ont augmenté plus vite que la construction de maisons, de routes ou autres, ce qui a fait baisser, en quelque sorte, artificiellement le nombre de kilomètre carré aménagé par 100 000 habitants.

Une autre manière de mesure l'artificialisation des sols qui permet d'éviter ce biais est le simple taux d'artificialisation. Il permet de voir quel pourcentage de sol est aménagé, par rapport à tout le territoire national. Ce taux-là augmente dans tous les pays, selon Eurostat. La France est passée de 5,2% en 2012 à 5,6% des sols artificialisés en 2018. Les sols étaient plus aménagés en France qu'en Espagne, mais moins qu'en Allemagne.

La France est le dixième pays le plus artificialisé sur les 27 de l'Union européenne. Elle se situe un point au-dessus de la moyenne européenne (4,2%).

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