"Le budget de Frontex est de 80 millions d'euros" par an ?

L’agence Frontex est chargée du contrôle des frontières de l’Union européenne. Elle est en première ligne face à l’arrivée des migrants, notamment en Grèce. Et selon Jean-Pierre Chevènement, elle ne dispose pas de suffisamment de moyens pour accomplir sa mission : "Je vous rappelle que le budget de Frontex, c’est 80 millions d’euros, c’est absolument dérisoire “, a déclaré l'ancien ministre de l'Intérieur sur RFI vendredi.

Une affirmation fausse, puisque le budget annuel de l’agence européenne de contrôle des frontières était, en 2015, de 143 millions d’euros. Ce budget n’est donc pas “dérisoire” comme le dit Jean-Pierre Chevènement. D'autant qu'il est en constante augmentation depuis dix ans, depuis la création de Frontex en 2005. Ainsi, en 2006, il n’était que de 20 millions d’euros, mais en 2016, il devrait atteindre plus de 250 millions d’euros.

L’Union européenne le rallonge régulièrement en raison de l’afflux de migrants et pour éviter des drames tels que celui qui s’est produit au printemps 2015 au large des côtes libyennes. 800 personnes avaient trouvé la mort après le naufrage de leur embarcation.

Ne pas comparer l'incomparable

Dans cette même interview, Jean-Pierre Chevènement dit également que le budget accordé à Frontex, c’est “beaucoup moins que le budget accordé à nos propres services en France ”. Le problème, c’est que c’est impossible à comparer. C’est même illogique. Les missions de Frontex sont particulières. Ce sont des opérations de surveillance maritimes, de contrôle des frontières extérieures de l’espace Shengen.

Il n’y a pas de missions équivalentes en France. Ou alors, celles de la Direction centrale de la police aux frontières, la DCPAF. Mais le champ couvert est beaucoup plus vaste que celui de Frontex. Les missions de la DCPAF ne concernent pas uniquement l’immigration. Il y a aussi la lutte contre les trafics, la contrebande. Bref, ça n’a pas de sens de comparer les deux choses.