Le remboursement de la dette va-t-il devenir la première dépense dans le budget de la France en 2027, comme l'affirme le RN Philippe Ballard ?

D'après le porte-parole du Rassemblement national, le remboursement des intérêts de la dette passerait devant le budget de l'Éducation nationale en 2027. En réalité, il y a deux manières d'évaluer ce dernier.
Article rédigé par Mathilde Bouquerel
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Philippe Ballard, le porte-parole du Rassemblement national à l'Assemblée nationale le 10 juillet 2024 (BERTRAND GUAY / AFP)

Alors que le gouvernement démissionnaire, en place depuis 38 jours, prépare le budget 2025, le porte-parole du Rassemblement national Philippe Ballard a affirmé jeudi 22 août sur franceinfo que le remboursement de la dette pourrait devenir le premier poste de dépense de la France. "Dans le dernier budget, on était à un remboursement des intérêts de la dette de 48 milliards, explique-t-il. On va être en 2027 à 80 milliards. Premier poste budgétaire devant l'Éducation nationale, devant la Défense."

En réalité, cette affirmation dépend de comment on regarde les chiffres. Une précision d'abord : selon un rapport de la Commission des finances du Sénat publié le mois dernier, le remboursement des intérêts de la dette pourrait atteindre un peu plus de 72 milliards d'euros d'ici 2027 et non 80 milliards, comme le dit Philippe Ballard. Si l'on regarde tout le budget de l'Éducation nationale, y compris les pensions de retraites des professeurs, ce budget atteint 87 milliards d'euros dans le projet de loi de finance 2024. Donc, le remboursement de la dette reste deuxième. 

Cela dit, si on ne prend pas en compte les pensions de retraite des profs, le budget de l'Éducation nationale tombe à 63,6 milliards. Le remboursement des intérêts de la dette passerait effectivement devant l'Éducation nationale et deviendrait le premier poste de dépense en 2027. Cela dit, tout cela reste des projections. Le Sénat alerte sur la trajectoire des finances publiques qui pourraient changer, selon le gouvernement au pouvoir.

Les intérêts de la dette grimpent en flèche

Philippe Ballard dit aussi que les intérêts de la dette vont fortement augmenter en trois ans, entre aujourd'hui et 2027. Cette affirmation est confirmée par toutes les projections. Toujours selon le rapport du Sénat, le remboursement des intérêts de la dette représente aujourd'hui un peu plus de 46 milliards d'euros. Et ça devrait augmenter en continu pour atteindre, en 2027, les fameux 72 milliards pré-cités.

D'après le Fond monétaire international (FMI), d'ici 2030, la charge de la dette va s'alourdir beaucoup plus fortement en France qu'en Grèce, en Espagne ou en Italie. Cela est dû au fait que la dette de la France, qui atteint plus de 3 000 milliards d'euros, est plus importante que ces trois pays.

Si les intérêts de la France augmentent autant, c'est que les taux d'intérêt des banques ont grimpé en flèche depuis deux ans. C'est vrai pour un particulier qui contracte un prêt immobilier comme pour un État qui emprunte de l'argent pour ses dépenses de fonctionnement. Pour avoir un ordre d'idée : la France empruntait à 1% en 2022 tandis qu'aujourd'hui c'est quasiment 3%.

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