Le vrai du fake. De faux attentats au parfum et le premier concert d'une femme seule à la télévision saoudienne
Vrai ou fake ? Marie Colmant et Antoine Krempf passent au crible deux infos repérées sur le web et les réseaux sociaux.
Le fake : des attaques terroristes au parfum
Une inquiétante histoire concernant des attentats au parfum empoisonné circule sur les réseaux sociaux. Des milliers de personnes partagent ainsi un texte sur Facebook. "Sept femmes sont mortes après avoir inhalé un échantillon de parfum gratuit qui leur a été envoyé par la poste. Le produit était toxique. Si vous recevez des échantillons gratuits dans le courrier tels que des lotions, des parfums, des couches, etc. jetez-les", assure le message en question. L'envoi de ces échantillons est attribué à des terroristes, qui auraient trouvé là une nouvelle forme d'attentat.
Si les médias n'ont pas parlé de ces attentats au parfum, c'est pour éviter la panique, selon le message. Le problème, c'est qu'aucune indication de date n'est donnée dans le texte qui circule sur les réseaux sociaux. On ne sait donc pas quand ont eu lieu ces supposés empoisonnements. En revanche, il est précisé que les sept femmes sont mortes au Gleneagles Hospital. Il en existe trois dans le monde : à Hong-Kong, à Singapour et à Kuala Lumpur (Malaise). Et chacun d'entre eux se défend d'avoir accueilli de telles patientes. "C'est un hoax, une fausse histoire", explique ainsi une employée de celui de Singapour.
Ça fait plus de dix ans maintenant que cette histoire circule. Ce n'est pas vrai.
Une employée du Gleneagles Hospital de Singapourà franceinfo
Cette rumeur est même encore plus ancienne puisqu'elle remonte à l'après 11 septembre 2001. La version actuelle de la rumeur a commencé à circuler par mail deux mois après les attentats qui ont frappé le World Trade center. A l'époque, ce message rencontre un énorme succès aux États-Unis. Il y avait en effet au même moment une vraie panique autour des enveloppes contaminées à l'anthrax ou au bacille de charbon. Cette panique s'est mélangée à une légende urbaine expliquant que des personnes faisaient renifler du parfum empoisonné aux femmes pour leur voler leur sac à main. C'est ce qui a contribué à la naissance de cette rumeur sur les attentats au parfum, qui a refait surface avec les attaques terroristes de Daesh.
Le vrai : une chaîne de télé saoudienne brise un tabou en diffusant le concert d'une femme seule
Après le droit de conduire, les femmes saoudiennes auraient-elles gagné un nouveau droit ? C’est la question qui se pose, après la diffusion d’un concert sur la chaîne publique culturelle de télévision saoudienne, lundi 2 octobre. La chaîne a en effet commencé la diffusion d'une série de concerts hebdomadaires d'Oum Kalthoum, une chanteuse égyptienne morte en 1975, qui fut la diva absolue du monde arabe dans les années 50 et 60.
Pourtant, en diffusant des concerts d’Oum Kalthoum, la chaîne a pris des risques et cassé un tabou, celui de montrer des femmes qui chantent seules. Les adeptes de l’islam rigoriste, tel qu’il est pratiqué dans le royaume, interdisent en effet aux femmes de se produire seules sur une scène car la voix féminine pourrait provoquer des pensées impures dans la tête des hommes qui les écoutent. Le royaume regorge de musiciens mais les chanteuses sont rares, à l'exception de celles qui se cachent comme ces rappeuses saoudiennes qui postent sur Youtube des clips tournés dans la plus grande discrétion.
Le chaîne de télévision, malgré sa prise de risque, reste prudente puisqu'elle diffuse les concerts à partir de minuit. Cet horaire tardif n’a pas empêché des échanges un peu vifs sur Twitter. Pour les plus conservateurs des Saoudiens, la diffusion de ce concert est une catastrophe et un signe de la décadence dans laquelle est tombée le royaume, signe qu’un châtiment divin est à craindre. Mais l’écrasante majorité des Saoudiens se réjouissent du retour d’Oum Kalthoum pour deux raisons. La première est qu’ils adorent et qu'ils connaissent les chansons par cœur, même si quelques mauvais coucheurs auraient préféré un concert de la libanaise Fayrouz, l’autre diva du monde arabe. Ils se félicitent aussi de ce qu’ils voient comme un signal de la fin de la chappe de plomb et d’un retour à la normale dans leur pays. Dans la foulée du concert d’Oum Kalthoum, le plus célèbre chanteur saoudien a invité tous ses fans, hommes et femmes, à venir le voir à son prochain concert. C'est également une première.
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