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Le vrai du fake. La "disgrâce" Mugabe et ces étranges mariages en Islande

Vrai ou fake ? Marie Colmant et Antoine Krempf passent au crible deux infos repérées sur le web et les réseaux sociaux.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 6min
Grace Mugabe, l'épouse du président du Zimbabwe, le 25 août 2017, apparait pour la première fois en public depuis son retour d'Afrique du Sud où elle est accusée d'avoir agressé un mannequin.  (JEKESAI NJIKIZANA / AFP)

Le fake : l'intox sur des mariages blancs en Islande

Une drôle d'histoire a été partagée plusieurs milliers de fois ces dernières semaines sur Facebook, via des pages très populaires comme letopdelhumour.fr, 100% Infos et délires ou encore www.buzzman.eu. Voici ce qu'on nous raconte : "L'Islande vous paye 4 500 euros par mois pour vous marier avec une Islandaise." Ces sites expliquent que la natalité est en berne dans le pays et qu'il y a trop de femmes célibataires pour le nombre d'hommes disponibles. Le gouvernement islandais aurait donc décidé de prendre les choses en main et de payer ceux qui voudraient bien venir booster la démographie locale. Il est précisé que ces messages s'adressent en particulier aux hommes d'Afrique du nord.

Au départ : un site parodique. Sauf que ce n'est absolument pas crédible, d'autant que ce texte partagé sur les comptes Facebook francophones a été publié, à l'origine, sur le site qui s'appelle actualité.co, ce genre de site qui permet de fabriquer de faux articles de presse pour faire des blagues. C'est d'ailleurs écrit en gros sur le site. Bref, c'est une rumeur. Elle a été fabriquée de toutes pièces il y a un plus d'un an par un site de fausses informations basé aux États-Unis. 

L'Islande a reçu des dizaines de courriers de candidats au mariage. L'intox a fonctionné. La presse islandaise raconte que le ministère des Affaires étrangères a même reçu des dizaines de candidatures de personnes intéressées ! Sur son compte Facebook, une Islandaise raconte aussi que certaines de ses amies ont reçu des centaines de demandes d'amitié venant d'inconnus sur le réseau social. "Je ne peux pas croire que des hommes étrangers puisse sérieusement croire des posts internet qui affirment que le gouvernement islandais rémunèrent des hommes 5000 dollars par mois pour épouser une Islandaise afin d'augmenter la population."

Tout est faux, même les arguments. Si, en général, les rumeurs se basent un minimum sur des faits, là ce n'est pas du tout le cas. Contrairement à ce qu'affirment les sites qui ont relayé cette intox, il n'y a même pas beaucoup plus de femmes que d'hommes en Islande. D'après l'institut islandais des statistiques, il y a même plus d'hommes que de femmes âgés de 18 à 50 ans : 80 000 contre 75 000. Enfin, si le taux de fécondité a effectivement beaucoup chuté depuis 2010 en Islande, le pays reste largement au-dessus de la moyenne des pays de l'OCDE et de l'Union européenne. 

 

Le vrai : les ambitions contrariées de Grace Mugabe au Zimbabwe

La deuxième épouse de Robert Mugabe, 93 ans, président à vie du Zimbabwe, se pose en successeur de son mari, à la tête de l’État. Pour arriver à ses fins, Grace Mugabe devra toutefois régler des soucis judiciaires apparus officiellement le 17 août dernier.

Elle a acquis du pouvoir depuis son mariage. Grace Mugabe est une jeune secrétaire travaillant au palais présidentiel au début des années 1990. Elle vient de se marier mais elle attire l’attention du chef de l’État, Robert Mugabe, ex-combattant de la libération de cette colonie anglaise, la Rhodésie, devenue le Zimbabwe en 1980. Il a 61 ans, elle en a 20. Ils se marient en 1996, au cours d’une cérémonie réunissant 40 000 invités dont Nelson Mandela, qui prendra ses distances avec Mugabe quand l’ex-combattant fera place au tyran que l’on connaît aujourd’hui. Les débuts de Grace en First Lady sont discrets mais elle gagne en assurance au fur et à mesure des pouvoirs que lui accorde son mari, à qui elle donnera trois enfants. Elle récupère aussi beaucoup d'argent, qu’elle retire en liquide avant de se rendre à Londres ou à New York pour aller faire des emplettes. Pour les habitants du Zimbabwe, elle devient alors "Gucci Grace" ou "The First Shopper" se moquant pas mal des 14 000% d’inflation de son pays, qui était pourtant l’un des plus riches d’Afrique.

Grace Mugabe est très riche. Elle a mis à son nom les cinq plus grosses exploitations laitières du pays. La dame a aussi un petit caractère. Ainsi, sortant d’un palace de Hong Kong en 2009, elle gifla un paparazzi à plusieurs reprises, les mains hérissées de diamants coupants, laissant l’homme le visage en sang. Le 12 août dernier, elle rend visite à ses deux fils âgés de 20 et 25 ans, installés dans un palace de Johannesburg en Afrique du Sud. Elle les trouve en compagnie d'un mannequin sud-africain de 20 ans. Le lendemain matin, cette jeune fille porte plainte pour coups et blessures, affirmant que Grace Mugabe l’avait fouettée au visage avec une rallonge électrique. Mais alors que la justice de Pretoria veut entendre Grace Mugabe, celle-ci se voit décerner une immunité diplomatique pour rentrer dare-dare à Harare, le 17 aout dernier, suscitant la fureur du procureur.

Sa défense s'organise. Lundi 11 septembre, Grace Mugabe est sortie de son silence pour donner sa version des évènements, affirmant que la jeune fille, complètement ivre, s’était jetée sur elle avec un couteau. L'épouse du président du Zimbabwe estime qu'elle a agi en état de légitime défense afin de protéger ses fils, dénonçant au passage un coup monté pour freiner ses ambitions politiques. Aujourd’hui, la First Lady a un nouveau petit nom au Zimbabwe, c’est "Disgrâce"

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