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Le vrai du fake. Le gourou indien et le requin de l'autoroute au Texas

Vrai ou fake ? Marie Colmant et Antoine Krempf passent au crible deux infos repérées sur le web et les réseaux sociaux.

Article rédigé par Antoine Krempf - Marie Colmant
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Photo postée sur Twitter censée présenter un requin sur l'autoroute à Houston. Il s'agit d'un montage. (DR)

Le fake : les fausses images de la tempête Harvey aux Etats-Unis

C'est désormais un grand classique : lors d'événements ou de catastrophes très médiatisés, un flot de montages et d'images détournées inonde les réseaux sociaux. La tempête Harvey n'y échappe pas. 

Le faux requins de l'autoroute. On a par exemple vu passer une photo de requin sur une autoroute inondée du Texas. 

Sauf que la photo a été prise en 2003 lors d'un reportage sur les requins blancs en Afrique du Sud.

Les alligators dans la rue. Méfiance également sur les photos montrant des alligators dans la rue ou sur les proches de maisons. 

Ce message posté par le compte Twitter du sheriff du comté de Fort Bend utilise des images d'archives pour alerter sur la présence éventuelle d'alligators. En l'occurrence, il s'agit de vraies images prises lors de précédentes inondations au printemps dernier. 

Barack Obama et les sinistrés du Texas. Alors que Donald Trump est attendu sur place ce mardi 29 août, de nombreuses voix ont dénoncé le manque d'empathie et de réactivité du président des Etats-Unis dans les heures qui ont suivies le passage de la tempête Harvey.

Et pour illustrer ces accusations, des centaines d'utitisateurs de Twitter en publié une photo de Barack Obama, censé être sur le terrain pour distribuer des repas aux sinistrés. Une façon de montrer le décalage entre l'actuel président et son prédécesseur. 

Là encore, il s'agit d'un détournement. Cette photo de l'ancien président américain a été prise en 2015 lors d'une distribution de repas à des vétérans pour la fête de Thanksgiving. 

Le vrai : en Inde, la condamnation à haut risque d'un gourou jugé pour viol

Depuis trois jours, le Haryana, un état du Nord de l’Inde, est en proie à des émeutes. A l’origine de cette violence, un gourou, accusé de viol sur deux de ses adeptes. Un homme qui s’est vu signifier lundi 28 août une peine de dix ans de prison.

Le verdict a été prononcé dans des conditions de sécurité inimaginables : internet et téléphones coupés dans tout l’Etat pendant 48 heures, aucun journaliste dans un rayon inférieur à 1,5 km de la prison, 5 000 hommes de troupes, sans parler du juge qui a préféré prendre un avion pour aller prononcer la peine dans la cellule même du gourou plutôt que de prendre le risque d’un aller et retour au tribunal. Tous prêts à affronter les adeptes du gourou, furieux à l’annonce de la culpabilité de leur chef vendredi dernier.

Une fureur qui s’est traduite par une explosion de violence laissant 38 morts dans son sillage. Parce que dans l’Etat du Haryana, on ne touche pas à Gurmeet Ram Rahim, gourou de la secte Dera Sacha Sauda, qui se vante de compter 60 millions d’adeptes. Il aime à se définir comme le messager de dieu. Un messager très haut en couleurs (imaginez un mélange optique entre Elvis période col blanc neige, pour les ceinturons, et Elton John pour son amour immodéré des trucs à paillettes) avec une énorme barbe noire, qui vit très richement, sur un domaine de 400 hectares, des donations de ses fidèles, à qui il recommande, outre un mode de vie humble, la donation d’organes (œil, reins, etc.) Aux hommes qui veulent se rapprocher de Dieu, il conseille la castration.

Ces dernières années, le gourou Ram Rahim s’était lancé dans le cinéma avec une franchise, le Messager de Dieu, qui réalisait des miracles et distribuait mornifles et bourre-pifs, en musique, avec énormément de ralentis très stylés. Gurmeet Ram Rahim s’était aussi fait un nom en tant que chanteur et il remplissait des stades lors de ses concerts. Ses tenues de scène, un poil chargées, selon moi, qui évoquent à la fois les empereurs moghols et Liberace, lui ont valu le surnom de Baba Bling Bling.

Bien sûr, vu d’ici, le Baba Bling Bling prête plutôt à rire. On peut. Mais ce serait mésestimer le rôle grandissant des gourous en Inde et de Gurmeet Ram Rahim en particulier, doté d’une force de frappe financière qui a permis l’ouverture d’hôpitaux et d’écoles. En ce sens, le gourou est un personnage politique puissant qui tient véritablement cet Etat. Son credo : une égalité entre les individus et entre les castes. Ses adeptes, qui appartiennent aux couches les plus pauvres de la population et notamment les intouchables, se retrouvent dans cet égalitarisme. Pour échapper au marquage de classe ils se sont d’ailleurs donné un nom de famille unique, Ils s’appellent tous "Humain". 

La violence de leur réaction, ces derniers jours, rappelle à quel point le système des castes, aboli en 1949, et la discrimination qu’il entraîne, est encore très vivace dans l’Inde de 2017.

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