Le Vrai du Faux. Flou et contre-vérités sur le regroupement familial
Le regroupement familial est au centre des discussions depuis quelques jours dans la campagne de la primaire Les Républicains. Alain Juppé veut mieux l'encadrer et Brice Hortefeux le suspendre. Mais leurs arguments reposent-ils sur des faits ?
Le regroupement familial s'est donc imposé depuis quelques jours comme l'un des thèmes de la campagne à la primaire Les Républicains. Et voilà notamment ce qu'affirme Alain Juppé sur RTL :
"Quand on fait venir sa famille, il faut justifier du revenu d'un travail, il faut qu'on ait un travail et pas des indemnités de chômage. Aujourd'hui, on peut faire venir sa famille même si on n'a pas le revenu d'un travail avec des revenus d'assurance comme l'indemnisation du chômage."
On peut bénéficier du regroupement familial sans travailler ?
Ce qui est vrai, c'est que pour faire venir sa famille en France quand on est étranger, il faut pouvoir justifier de conditions de ressources et de logement.
Sur le plancher de ressources, cela dépend de la taille de la famille, mais le minimum équivaut à un Smic mensuel sur les douze derniers mois.
Pour arriver à ce montant, Alain Juppé a raison sur ce point, les allocations chômage sont comptabilisées. Mais il faut tout de même préciser que pour bénéficier de ces allocations, il faut avoir travaillé au moins quatre mois sur une période de 28 mois. Ceux qui bénéficient du regroupement familial grâce au chômage ont donc précisément dû justifier du revenu d'un travail pour y avoir accès.
Par ailleurs, ce que ne dit pas le maire de Bordeaux, c'est que les prestations familiales, le RSA, l'ASS (pour les chômeurs en fin de droits) ou encore l'aide financière pour les demandeurs d'asile ne comptent pas dans le calcul des revenus nécessaires pour avoir accès au regroupement familial pour les étrangers.
90.000 étrangers concernés par le regroupement familial ?
C'est en tout cas ce qu'affirme l'eurodéputé, et proche de Nicolas Sarkozy, Brice Hortefeux lors de son intervention sur RFI le 6 septembre :
"En Allemagne, il a été décidé de suspendre le regroupement familial pour les deux années qui viennent concernant les immigrants provenant de Syrie. Donc il ne faut pas caricaturer [notre volonté de suspendre ce dispositif]. Il y a 90.000... plus de 90.000... bénéficiaires du regroupement familial."
Faux sur le chiffre. Brice Hortefeux confond le regroupement familial et l'ensemble de l'immigration familiale (89.488 personnes l'an dernier). L'immigration familiale englobe bien les 12.000 étrangers concernés par le regroupement familial.... mais aussi, et en majorité, la venue sur le territoire de conjoints de Français.
L'Allemagne a suspendu le regroupement familial pour les Syriens ?
Faux. L'Allemagne n'a pas suspendu le regroupement familial pour tous les migrants syriens pendant deux ans, contrairement à ce qu'affirme Brice Hortefeux.
La suspension, annoncée par le ministre allemand de l'Intérieur en novembre dernier, ne vaut que pour ceux qui obtiennent ce qu'on appelle la protection subsidiaire. C'est-à-dire pour les demandeurs d'asiles qui ne remplissent pas totalement les conditions pour obtenir le statut de réfugié mais qui sont malgré tout exposés à un danger dans leur pays. La protection subsidiaire, qui existe également en France, leur permet de bénéficier d'un permis de séjour d'un an, renouvelable pendant deux ans.
Mais ce statut de protection subsidiaire ne concerne qu'une petite minorité des 336.000 décisions prises sur les demandes d'asile en Allemagne depuis le début de l'année.
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